L’Ouest du Burkina Faso a été frappé par deux nouvelles attaques djihadistes présumées, ce weekend, qui ont fait une quarantaine de morts, dont des supplétifs de l’armée. Le Premier ministre Apollinaire Joachimson Kyélem de Tambèla a indiqué, mardi, qu’il ne peut pas y avoir d’élections dans le pays dans cette situation d’insécurité.

C’est « un convoi sécurisé » qui a été attaqué, samedi, près de Bourasso, selon un communiqué du gouvernorat de la région de la Boucle du Mouhoun. Selon un autre responsable local cité par l’Agence France Presse, une vingtaine de personnes ont été tuées, « principalement des VDP » (supplétifs de l’armée) et au moins 18 autres ont été blessées.

Confirmant l’attaque, une source sécuritaire a précisé qu’un « appui aérien déployé après l’embuscade a permis de détecter et neutraliser une trentaine de terroristes », au Nord-est de Bourasso.

Le lendemain dimanche, une autre attaque perpétrée à Ouakara, dans la même région, a également fait une vingtaine de morts, selon une source sécuritaire et un habitant cités par la même source.                     Le Premier ministre menace…

Réagissant à ces nouvelles attaques, le Premier ministre du Burkina Faso a déclaré, mardi, qu’il ne pourrait y avoir d’élections dans le pays « sans sécurité ». « On ne peut pas faire des élections sans la sécurité. Si vous avez une baguette magique qui peut nous assurer la sécurité le plus tôt possible, on organise les élections », a, en effet, indiqué Apollinaire Joachimson Kyélem de Tambèla, devant l’Assemblée législative de transition.

« Si on organise des élections actuellement, alors qu’une partie du territoire est inaccessible, on va dire que celui qui sera élu est mal élu », a-t-il ajouté.

« Pour que les élections soient acceptées, il faut qu’au moins l’essentiel du pays puisse participer », a-t-il encore dit.

« Notre ambition est de porter le nombre des VDP à 100.000 et même au-delà », a annoncé le chef du gouvernement qui prononçait son discours sur la situation de la nation, réaffirmant qu’il « n’y a pas de négociation possible » avec les « hordes terroristes ».

« Nous ne négocierons jamais, ni l’intégrité territoriale du Burkina Faso, ni sa souveraineté (…) La seule négociation qui vaille avec les bandits armés est celle qui se fait actuellement sur le champ de bataille », a-t-il martelé.

Plus de 100 personnes tuées au mois de mai

Depuis quelques semaines, les attaques violentes se multiplient dans la région de la Boucle du Mouhoun, à la frontière malienne. Entre le 13 et le 21 mai, la zone a subi trois attaques meurtrières contre des villages.

D’autres zones, comme la province de la Kompienga, proche du Togo et du Bénin, ou la région du Sahel à l’extrême Nord du pays, sont également touchées par des attaques. Au total, plus de 100 personnes sont mortes dans diverses offensives  djihadistes au mois de mai.

Le pays connaît, depuis 2015, une spirale de violences djihadistes apparues au Mali et au Niger et qui s’est étendue au-delà de leurs frontières.

Ces violences ont fait, depuis sept ans, plus de 10.000 morts, civils et militaires, selon des ONG, et plus de deux millions de déplacés internes.

Le Burkina a connu deux coups d’Etat en 2022. Le pays est dirigé depuis septembre dernier par un jeune capitaine, Ibrahim Traoré.

Les militaires doivent rendre le pouvoir aux civils en juillet 2024, après une élection présidentielle.