Les choses semblent bouger au Burkina Faso depuis le coup d’Etat du lundi 24 janvier dernier. Le chef de la junte, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba a, en effet, rencontré les membres du dernier gouvernement de Roch Marc Christian Kaboré, mercredi, à la Présidence du Faso. Hier jeudi, il a prononcé son premier discours officiel et a appelé la communauté internationale à accompagner son pays pour un retour à l’ordre constitutionnel au Burkina Faso.

Deux jours après le putsch qui a renversé Roch Marc Christian Kaboré, la junte au pouvoir a donc rencontré les ministres de l’ancien président Kaboré, mercredi, dans la salle polyvalente de la Présidence du Faso.

C’est le chef de la junte, lui-même, qui a dirigé la rencontre en présence du général Aimé Barthelemy Simporé, l’ex-ministre des Armées. Parmi les membres de l’ancienne équipe gouvernementale, seul le Premier ministre Lassina Zerbo était absent, ont indiqué des sources présentes à cette rencontre, citées par RFI.

Les anciens ministres interdits de quitter Ouagadougou

Même si la rencontre s’est déroulée dans une ambiance cordiale, Sandaogo Damiba a interdit aux ex-membres du gouvernement tout déplacement, hors de Ouagadougou, précisant, toutefois, ne pas être dans une logique de chasse aux sorcières. Mais il a été demandé aux anciens ministres de ne pas entraver l’action de la junte et les Secrétaires généraux des départements ministériels sont chargés de l’expédition des affaires courantes jusqu’à nouvel ordre. Cependant, il n’a fixé aucune date pour une rencontre avec la classe politique.

Une suspension de la Cédéao ce vendredi ?

A la suite de cette rencontre, le nouvel homme fort de Ouagadougou a tenu son premier discours officiel, hier jeudi, retransmis à la télévision nationale (RTB). Entre autres priorités, Paul Henri Sandaogo Damiba a dit sa détermination à vaincre le terrorisme, affirmant que le renversement du pouvoir de l’ancien président a été « imposé par le cours des évènements ». Il a aussi annoncé, la mise en place prochaine d’une transition en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel, sans pour autant donner un agenda précis.

« Je m’engage à convoquer les forces vives de la nation pour convenir d’une feuille de route qui aura pour but de projeter et réaliser le redressement voulu par tous les Burkinabè. Lorsque les conditions seront réunies selon les échéances que notre peuple aura souverainement définies, je m’engage à un retour à une vie constitutionnelle normale », a-t-il, en effet, indiqué.

Mettant en garde contre les « actes de trahison, contre les aspirations », il a lancé un appel en direction de la communauté internationale. « Le Burkina Faso a plus que jamais besoin de ses partenaires. C’est pourquoi j’appelle la communauté internationale à accompagner notre pays afin qu’il puisse sortir le plus rapidement possible de cette crise pour reprendre sa marche vers le développement. Je sais comprendre les doutes légitimes suscités par cette rupture dans la marche normale de l’État. Mais je voudrais rassurer l’ensemble des amis du Burkina Faso que le pays continuera de respecter ses engagements internationaux, notamment en ce qui concerne le respect des droits de l’homme », a-t-il ajouté.

Un message délivré alors que les chefs d’État Ouest-africains se réunissent, virtuellement, ce vendredi matin, en sommet extraordinaire, pour statuer sur le Burkina Faso. Et à l’instar du Mali et de la Guinée, ils devraient prononcer une suspension du Burkina Faso des instances de la Cédéao, dans une moindre mesure.