L’opposition burkinabè a une nouvelle fois accusé lundi le pouvoir du président Roch Marc Christian Kaboré, favori du scrutin, de « fraudes » lors de la présidentielle de dimanche. Et ce, alors que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a à peine commencer à donner les premiers résultats.

La Céni, qui dispose d’une semaine pour annoncer le résultat, n’avait divulgué les résultats que d’une quinzaine de communes sur 366. Dimanche soir, son président Newton Ahmed Barry avait reconnu que « autour de 300 à 350.000 » personnes sur les 6,5 millions d’électeurs n’avaient pas pu voter en raison des menaces sécuritaires, notamment dans l’Est et dans le Nord.

Cela ne devrait toutefois pas empêcher la validation des résultats, l’Assemblée nationale ayant adopté en août une modification du code électoral afin que les élections soient valables, même si elles ne peuvent pas avoir lieu sur l’ensemble du territoire.

Le nouveau code précise qu’« en cas de force majeure ou de circonstance exceptionnelle entraînant l’impossibilité d’organiser les élections sur une partie du territoire national, l’élection est validée sur la base de la partie non affectée par la force majeure ».

L’opposition menace de ne pas accepter les résultats

Après ses accusations de samedi, l’opposition a une nouvelle fois estimé lundi que le double scrutin présidentiel et législatif était « émaillé de fraudes », réitérant sa menace de ne pas accepter des « résultats entachés d’irrégularités ».

L’opposition « émet de très fortes réserves sur la sincérité et la crédibilité des résultats », a déclaré au nom de l’opposition Tahirou Barry, l’un des candidats à la présidentielle, lors d’une conférence de presse à Ouagadougou.

« En tout état de cause, les signataires de l’accord politique (de l’opposition) n’accepteront pas des résultats entachés d’irrégularités et qui ne reflètent pas la volonté du peuple burkinabè », a ajouté M. Barry, qui s’exprimait aux côtés de cinq autres candidats à la présidentielle dont MM. Diabré et Komboïgo.

Elu en 2015, le président Roch Marc Christian Kaboré, qui brigue un second mandat, est favori face à 12 adversaires, dont Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition, et Eddie Komboïgo, candidat du parti de l’ex-président Blaise Compaoré, dont le régime tombé il y a six ans fait l’objet d’une nostalgie croissante.