Le face à face entre Macron et les étudiants burkinabés a tenu toutes ses promesses. Le président français a été percutant en tenant un discours rigoureux, généreux et subtile.
Il a reconnu les « crimes de la colonisations » à juste raison. Ce phénomène de spoliation des peuples a rendu exsangue l’Afrique et versé le sang de ses fils. C’est incontestable et l’Afrique en subit, encore aujourd’hui, les conséquences. La colonisation est bien un crime et elle doit être considérée comme tel. Macron a donc parlé vrai. Il a retiré ses propos sur « le défi civilisationnel de la démographie » (nous avions critiqué ses propos avec virulence ici même). Dont acte pour le mea culpa.
L’annonce d’un « visa long séjour pour les étudiants africains pour faciliter leur retour » est pertinente. Elle est à saluer. Tout comme la défense de la cause des femmes et notamment la lutte pour l’égalité en Afrique mais aussi en Europe. Cela vaut aussi pour la démocratie qui est un combat permanent.
À l’évidence Macron a réussi son « grand oral africain ». Il est vrai qu’il s’était donné les moyens de ses ambitions en préparant son discours et en choisissant bien ses mots. C’est la moindre des choses pour un chef de l’Etat français face à des jeunes qui, comme lui n’ont pas vécu la période coloniale mais en sont les produits d’une certaine manière.
Si Macron vient en Afrique c’est bien parce que les intérêts français y sont encore très importants et il urge de les défendre car les concurrences chinoise, indienne, américaine et autres sont rudes. Et les promesses africaines en matière de développement économique impressionnantes dans presque tous les domaines. Les relations franco-africaines doivent être réinventées et c’est ce à quoi Macron s’efforce.
Un discours offensif et respectueux est bon à prendre. Mais il doit être suivi d’actes majeurs pour booster un partenariat euro-africain que tout pousse à développer : Les intérêts économiques, les liens culturels, la lutte contre le terrorisme etc…C’est justement ce que le sommet qui s’ouvre ce jour à Abidjan entre l’union européenne et l’Afrique va examiner.
Macron y sera un acteur de premier plan. À lui de pousser ses partenaires européens à être plus généreux c’est à dire plus réalistes. Car entre l’Europe et l’Afrique, il y a une communauté de destin si on y regarde de plus près. Le soi-disant vieux continent vieillit réellement et a besoin de jeunes et de sang neuf. L’Afrique en regorge et aussi de matières premières et d’un énorme potentiel économique dans tous les domaines.
Une France réconciliée avec son passé colonial, c’est à dire qui accepte d’en assumer toutes les dérives, sera un partenaire de choix pour l’Afrique. Car elle a des atouts remarquables que ses concurrents n’ont pas dont la francophonie si et seulement si celle-ci est repensée pour être au service des peuples et de la diversité culturelle.
Il y a bien évidemment l’artisanat français, la première entreprise de l’Hexagone sans oublier les industries majeures du ferroviaire à l’électronique, l’aéronautique, l’automobile etc…Avec l’agriculture où l’expérience et l’expertise françaises sont reconnues de tous.
On le voit une France décomplexée peut conquérir de grandes parts de marché partout en Afrique. Si elle arrête de donner des leçons et de jouer à cache-cache avec son douloureux passé colonial.
Macron semble l’avoir bien compris. Il a pris date à Ouagadougou avec la jeunesse africaine. On attend la suite.