Le président français arrive ce soir dans la capitale du Burkina où il fera un discours très attendu à l’université face à des centaines d’étudiants.
Comme Sarkozy à Dakar, il y a 10 ans, il veut démontrer que l’Afrique l’intéresse et qu’il a des pistes de réflexion pour aider à résoudre ses problèmes. L’intention est louable, mais comme chacun sait : « le chemin de l‘enfer est pavé de bonnes intentions ».
À Dakar, Sarkozy avait fait une bourde monumentale en prononçant un discours dérangeant voire insultant rédigé par son conseiller Henri Guaino qui affirme que : « l’Afrique n’est pas suffisamment entrée dans l’histoire ». L’opération de charme et de communication avait ainsi lamentablement échoué et déclenché un retour de boomerang qui poursuit toujours le vainqueur de Ségolène Royal.
Macron connaît l’histoire et va certainement éviter de tomber dans un tel piège. Il s’y ajoute qu’il a un bagage intellectuel conséquent qui lui permet de rédiger lui-même ses discours et/ou d’en apprécier toutes les subtilités si jamais il avait recours à un « nègre »(Il faut préciser qu’en bon français un nègre est celui qui écrit pour quelqu’un d’autre).
À Ouagadougou donc, Macron devra relever le défi de séduire tout en disant des choses pertinentes qui peuvent ne pas plaire. L’emploi des jeunes est l’équation des équations en Afrique où cette catégorie de la population constitue l’immense majorité. Elle est dans le désarroi dans beaucoup de pays faute de formation adéquate et de débouchés. Nombre de jeunes africains sont ainsi des candidats désespérés à l’émigration et même au djihadisme.
La situation catastrophique qu’ils vivent est source d’insécurité pour l’Afrique mais aussi pour l’Europe et les européens qui vivent en Afrique comme les multiples attentats terroristes au Mali, au Niger, en Côte d’Ivoire et au Burkina le démontrent de manière tragique. Comme les prises d’otages l’illustrent ainsi que l’invasion de la Méditerranée par les migrants.
Macron a une occasion en or de marquer l’Histoire s’il trouve les mots justes et si son discours fait parler à la fois son cœur et sa raison. Comme Obama l’avait réussi au Caire.
Macron a une tête bien faite. Il s’y connaît en économie et finances, en politique et a aussi un diplôme de philosophie. Il a donc tous les atouts pour concocter un discours d’anthologie en faveur du développement de l’Afrique et du partenariat avec l’Europe.
Le Conseil présidentiel sur l’Afrique qu’il a mis sur pied est une excellente initiative qui lui permet de s’imprégner des questions de fond qui se posent au continent pour qu’il réalise un décollage définitif. Macron a rencontré les membres du Conseil qui seront du voyage qui semble donc bien préparé. Mais il lui appartient et à lui tout seul de s’adresser aux étudiants burkinabés et de les convaincre.