Les deux alliés qui ont réussi à fédérer toute l’opposition pour abattre le régime Compaoré se méfient désormais l’un de l’autre.
Kaboré président de la république et Salif Diallo président de l’Assemblée nationale du Burkina ne s’entendent plus, politiquement parlant. Le deuxième nommé voudrait l’avènement d’un régime parlementaire; ce qui couperait l’herbe sous les pieds du chef de l’Etat à qui la constitution donne le pouvoir de dissoudre le parlement.
Si le souhait de Diallo se réalisait, il perdrait évidemment cette prérogative et même la réalité du pouvoir. On comprend qu’une telle perspective ne l’enchante guère.
Du côté de Diallo, un homme longtemps nourri au biberon marxiste et adepte des manipulations politiciennes la personnalisation du pouvoir à travers un président tout puissant est difficile à accepter.
Et puis il y a le partage déséquilibré de l’autorité, des honneurs, de l’argent et des moyens en général. Toutes choses qui attisent les convoitises et finissent par creuser un fossé entre les camarades qui ont conquis le « grand soir ».
Le Burkina a d’autres urgences qu’une guerre des chefs. La situation politique post-Compaoré est encore très fragile. Kaboré et Diallo ont un intérêt commun : éviter que l’armée ne fasse encore des siennes.