Chiffre certes symbolique mais très peu indicatif, la marque des cent jours est devenue un premier rendez-vous politique pour tout nouveau président. Christian Roch Kaboré n’a pas beaucoup à célébrer en cette occasion. Il n’a pris aucune décision spectaculaire et la composition de son gouvernement ne fait pas rêver.

Recul des tensions

Certes la tension a baissé dans le pays et les partisans de l’ancien régime semblent se calmer. Toutefois l’opposition est vent debout et tire à boulets rouges sur le nouveau pouvoir. Les adversaires de ce dernier ciblent l’économie au ralenti, la précarité, l’impuissance et les tâtonnements du président Kaboré. Mais est-il possible de présenter un bilan après seulement trois mois d’exercice ?
Pour le moment c’est plutôt le lourd héritage de l’ancien président Compaoré qu’il faut dénoncer et les profondes cicatrices qu’il a laissées au Burkina.

Rétropédalage sur le cas Soro

Roch Kaboré a de la bonne volonté à revendre même si la décision de poursuivre Guillaume Soro – le président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire – aura été pour le moins peu inspirée. Il est peu probable que la Côte d’Ivoire cède et ce contentieux pourrait causer beaucoup de torts aux millions de ressortissants burkinabés vivant en Côte d’Ivoire.
Conscient du caractère sensible de cette affaire, le président Kaboré a déclaré recemment privilègier la solution diplomatique. Il signe là un rétropédalage bienvenu.

Des liens indéniables et des économies imbriquées

La Côte d’Ivoire et le Burkina sont condamnés à vivre ensemble et ont intérêt à développer un dialogue permanent et fécond.
En donnant la nationalité ivoirienne à Blaise Compaoré pour lui éviter de comparaître devant la Cour Pénale Internationale, le président Alassane Ouattara a montré sa volonté de protéger un ami. Il faut faire avec car la Côte d’Ivoire est la puissance économique de la zone UMOA et aucun pays membre ne peut l’ignorer, encore moins le Burkina qui compte entre 3 et 4 millions de citoyens chez son voisin. Evidemment la Côte d’Ivoire est elle aussi dépendante des travailleurs issus des pays voisins, notamment burkinabés, dans le secteur clé de l’agriculture.
Les économies des deux Etats sont imbriquées et cela impose un compromis dynamique quelles que soient la situation du moment.

Le président Kaboré revient d’une visite importante et réussie en France. Une prochaine devrait avoir lieu en Côte d’Ivoire afin d’aplanir toutes l’ensemble des difficultés existantes. C’est le chemin du bon sens, celui de l’intérêt bien compris des deux Etats et des deux peuples.

 

 

Image : Roch Marc Christian Kaboré, président du Burundi.