La statue du Président Thomas Sankara au conseil de l’Entente, à Ougadougou.

Le dossier de l’assassinat de Thomas Sankara, le « père de la Révolution » burkinabè tué lors d’un coup d’Etat en 1987, a été renvoyé le devant le tribunal militaire de Ouagadougou.

« Le juge d’instruction en charge du dossier a rendu son ordonnance de renvoi devant la chambre de contrôle du tribunal militaire de Ouagadougou, qui a été notifiée aux avocats des différentes parties », a expliqué dans un communiqué Me Bénéwendé Sankara, l’un des avocats de la famille Sankara, à l’occasion du 33e anniversaire de sa mort.

« Cette ordonnance de renvoi permet d’affirmer que suffisamment d’éléments ont été réunis pour permettre la tenue prochaine d’un procès sur les événements tragiques du 15 octobre 1987 », a-t-il affirmé.

« 33 ans c’est suffisant pour que la lumière soit faite. Que ceux qui ont commis cette forfaiture répondent de leurs actes devant la justice. Que le peuple Burkinabè soit soulagé de cette chape d’ignominie qu’il porte depuis 1987 aux yeux du monde », a réagi de son côté Ismael Kinda, porte-parole du Balai citoyen, une organisation de la société civile qui se réclame de l’idéal de Sankara., cité par l’AFP

Arrivé au pouvoir par un coup d’État en 1983, le président Sankara a été tué par un commando le 15 octobre 1987 à 37 ans, lors du putsch qui porta au pouvoir son compagnon d’armes Blaise Compaoré.

La mort de Sankara, devenue une figure panafricaine et surnommé le « Che Africain », était un sujet tabou pendant les 27 ans de pouvoir de Compaoré, renversé par une insurrection populaire en octobre 2014.

L’affaire judiciaire a été relancée sous la transition démocratique et un mandat d’arrêt a été émis contre lui par la justice burkinabé le 7 mars 2016. Compaoré vit en Côte d’Ivoire où il a obtenu la nationalité ivoirienne et à ce titre ne peut être extradé.

Outre Compaoré, son ex chef d’état-major particulier, le général Gilbert Diendéré, condamné pour le putsch de septembre 2015, et 23 autres personnes, en majorité des soldats de l’ex-garde présidentielle de Compaoré, sont poursuivis pour « attentat à la sûreté de l’État », « assassinat », « faux en écriture publique » et « recel de cadavres ».

En février, une première reconstitution de l’assassinat de Sankara s’est déroulée sur les lieux du crime au siège du Conseil national de la Révolution (CNR). En 2017 lors d’une visite au Burkina, le président français Emmanuel Macron avait promis que tous les documents français concernant l’assassinat de Sankara seraient « déclassifiés ». Selon les avocats de la famille Sankara, « un important lot de ces documents ont été transmis à la justice burkinabè », qui n’en a pas communiqué leur contenu.