Le tribunal de grande instance de Ouagadougou a condamné, dans la nuit de mercredi à jeudi, à des peines allant de 10 à 30 ans de prison,  trois accusés, dont le général Gilbert Diendéré, dans le procès de l’assassinat en 1990 du leader syndical étudiant Boukary Dabo.

Leader de l’Association nationale des étudiants burkinabè dans les années 1990, à la pointe des manifestations contre le président d’alors, Blaise Compaoré, Boukary Dabo, étudiant en 7e année de médecine, avait été enlevé le 19 mai 1990 par des hommes armés.

Il avait ensuite été conduit dans les locaux du Conseil de l’Entente, premier camp de l’ex-régiment de sécurité présidentielle, où il a été torturé à mort, puis inhumé à Pô, à 150 km de la capitale.

Le tribunal a reconnu le général Gilbert Diendéré « coupable des faits de complicité d’arrestation illégale et séquestration aggravée » et condamné « à 20 ans ferme et une amende d’un million de francs CFA ».

Le verdict dépasse largement la réquisition du Parquet qui avait réclamé sept ans ferme. D’autres charges comme « complicité de coups et blessures ayant entraîné la mort et recel de cadavre », ont été abandonnées pour « prescription ».

Gilbert Diendéré, figure militaire bien connue au Burkina Faso, a déjà été condamné cette année à perpétuité pour son rôle dans l’assassinat de l’ex-président Thomas Sankara et de douze de ses compagnons, en 1987, dans un putsch qui a porté au pouvoir Blaise Compaoré. Il avait aussi écopé de 20 ans de prison, en 2019, pour sa participation à une tentative de coup d’Etat quatre ans plus tôt.

S’exprimant avant la décision de justice, le général Diendéré, qui avait plaidé « non coupable », a « solennellement et humblement demandé pardon à la famille de Dabo Boukary, pour tout ce qu’elle a subi, au nom des auteurs de l’assassinat ». « Je n’ai pas participé à l’arrestation et la torture de Dabo Boukary », a-t-il assuré à la barre.

Lors de sa déposition il avait indiqué que l’ordre « d’enlever les étudiants » était venu du cabinet de la présidence et affirmé avoir seulement été « informé du décès de l’étudiant dont il ignorait l’arrestation ».