Le président du Bénin semble ramer à contre-courant en Afrique : lui veut instaurer un mandat présidentiel unique de 6 ans dans son pays. Avant son élection, il avait annoncé qu’il ne ferait qu’un seul mandat. Il est donc cohérent dans sa démarche.

Mais le changement de constitution qu’il souhaite est un défi à relever car, outre la limitation du mandat présidentiel, il propose le changement de 43 articles sur 160 de la constitution.

D’où un débat qui fait sortir de leurs gongs les syndicalistes opposés à la volonté de Talon.

Pourtant les propositions de Talon, si elles sont acceptées, renforceraient la démocratie béninoise déjà exemplaire en Afrique. En effet un financement des partis est prévu mais aussi la limitation à deux fois 6 ans du mandat des députés ; ce qui favoriserait le renouvellement de la classe politique. Si le projet est adopté alors seuls les citoyens âgés de 40 à 70 ans pourraient se présenter à l’élection présidentielle.

Talon a des ambitions nobles pour son pays : mettre un terme à la pratique politique carriériste qui est la porte ouverte à toutes les dérives. Il lui faudra donc vaincre des intérêts bien enracinés de personnes et groupes d’influence divers. Ces derniers ne vont pas lui faciliter la tâche, au contraire. Le combat va être rude et il n’est pas sûr que tous les alliés de Talon soient à cent pour cent derrière lui dans ce bras de fer. Talon est milliardaire ; il n’a pas de soucis à se faire pour son avenir. Ce n’est pas le cas de tout le monde et particulièrement ceux qui « vivent de la politique ».

L’adoption par les députés de ce projet de loi est loin d’être acquis car il faut d’abord une majorité des trois quarts pour qu’elle puisse être examinée et un vote des quatre cinquièmes pour qu’il soit adopté.

Talon qui est à couteaux tirés avec Sebastien Ajavon qui était arrivé troisième à l’élection présidentielle à quelques milliers de voix près n’a pas, à priori, une telle majorité au parlement. Et avec l’opposition bruyante des syndicats il risque d’être obligé de passer par le référendum. Alors ces adversaires politiques de plus en plus nombreux devraient encourager un vote-sanction.

On le voit, promouvoir la démocratie n’est pas chose simple. Derrière les bonnes intentions se cachent des visées secrètes ou fantasmées. Et il y a toujours la férocité des oppositions politiques.

Au Bénin la bataille Talon/Ajavon va polluer le paysage politique pendant tout le mandat présidentiel en cours. Elle va déteindre sur le débat parlementaire et faire d’un éventuel référendum l’occasion d’un véritable pugilat politique.