Les autorités du Bénin ont récemment « ordonné » aux sites d’information en ligne de fermer et de mettre la clé sous la porte: un coup dur pour le secteur des médias, déjà précaire et soumis à une importante pression du pouvoir.
La Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC), instance de régulation des médias béninois, a publié un discret communiqué, début juillet, menaçant les « médias en ligne de mettre fin à toutes publications sous peine de se voir appliquer la rigueur de la loi ».
L’institution assure constater « une création tous azimuts de médias en ligne sans autorisation préalable », mais reste floue sur les contours de cette nouvelle interdiction. « Il y a des gens qui ne répondent pas aux enquêtes de moralité », s’est défendu un porte-parole de la Haac, Fernand Gbaguidi, lors d’une conférence de presse. « Cela constitue un danger pour le pays », a-t-il ajouté.
Dans le monde des médias, beaucoup voient une manière pour le gouvernement de Patrice Talon, accusé d’avoir engagé le Bénin dans un tournant autoritaire, de resserrer l’étau sur la liberté d’expression.
Plusieurs journalistes et blogueurs ont déjà été poursuivis depuis l’adoption, en avril 2018, d’une loi portant Code du numérique, criminalisant les délits de presse en ligne et notamment le partage de « fausses informations » sur les réseaux sociaux.
En vertu de cette loi, Ignace Sossou, journaliste d’investigation pour le site Benin Web TV, a été arrêté en décembre, après avoir relayé des propos critiques du procureur de la République à l’encontre du pouvoir, sur Facebook et Twitter.
Il avait finalement été lourdement condamné à 12 mois de prison, dont 6 mois ferme pour “harcèlement”, bien que les propos retranscrits aient été tenus. Le Bénin se trouvait au 113e rang dans le dernier classement de Reporters sans frontières (RSF), perdant 17 places en 2019. RSF note que “depuis l’accession au pouvoir en 2016 du président Patrice Talon, les activités de l’opposition sont très peu couvertes par la télévision d’Etat, et les médias sont sous étroite surveillance”.