Selon les résultats dont nous disposons à l’heure actuelle, le premier ministre Lionel Zinsou sera opposé au second tour à l’homme d’affaires Patrice Talon.

Premiers résultats

Le premier obtiendrait autour de 29 % des voix tandis que le second aurait récolté environ 25 % des suffrages.
Suivent dans l’ordre : le businessman Sébastien Ajavon – 22 % – Abdoulaye Bio Tchané – 14 % – et Pascal Koupaki – 6 %.
Ainsi l’ensemble des opposants regroupés dans la “coalition de rupture” totalisent-ils environ 67 % des voix, cela indiquant clairement une défaite retentissante du candidat du pouvoir.

Le candidat du pouvoir en difficulté

En effet, s’il a bénéficié du soutien des partis les plus représentatifs de l’Assemblée nationale, de celui du président de l’Institution parlementaire Adrien Houngbédji et de celui dirigé par Léhady Soglo, le protégé de Yayi Boni n’arrive pas à creuser l’écart avec ses adversaires pourtant divisés.
C’est un revers cuisant pour le président sortant dont le candidat est maintenant dans une situation très difficile, voire désespérée pour le deuxième tour qui se profile. Ce de par la perspective que chacun des membres de la coalition de rupture reste fidèle à ses engagements et appelle à voter pour Patrice Talon, le candidat de leur camp qualifié pour le tour décisif.

Référendum sur l’héritage Boni

Des manœuvres vont assurément être tentées pour faire voler en éclats la coalition et espérer que les électeurs vont suivre un éventuel appel à voter Zinsou de la part d’un opposant qui retournerait sa veste.

Le président Yayi Boni bien que protégé par son statut d’ancien chef de l’Etat pourrait craindre l’arrivée au pouvoir de Patrice Talon à qui il a fait subir harcèlements et vexations jusqu’à le pousser à s’exiler en France.

Dans ce contexte la campagne du second tour s’annonce comme un référendum sur l’héritage politique et le bilan économique du président sortant. Lionel Zinsou nommé premier ministre à la mi-2015 n’a pas gouverné assez longtemps pour être critiqué sur le passif de l’ensemble des deux mandats de Boni.

Zinsou au-dessus de tout soupçon ?

A l’évidence c’est un cadre brillant, économiste de talent et homme de plume. Néanmoins, la candidature de Zinsou est perçue comme celle d’un parachuté. Son ancrage dans le pays pose problème du fait de sa très longue absence, même s’il serait injuste de le juger uniquement par ce prisme.

L’échec du premier tour n’est quoi qu’il en soit pas un arrêt de mort, même si logiquement et politiquement un retournement des électeurs semble improbable.
Tant que le verdict final des urnes n’est pas donné, toutes les spéculations et autres surprises sont possibles.
Pour cette ultime étape, c’est toutefois le candidat de l’opposition qui a la faveur des pronostics.

 

 

Crédit image : à gauche, Lionel Zinsou par World Policy Conference TV – à droite, Patrice Talon par Abdias Atchade (travail personnel), CC BY-SA 4.0 via Wikimedia.