Le Bénin organise ses élections municipales ce dimanche 17 mai, dans un climat de forte crise politique et malgré la pandémie du Covid-19. Un scrutin maintenu contre l’avis de la Cour africaine des droits de l’homme, qui avait demandé en avril dernier de suspendre ces joutes, les jugeant comme non inclusives.

Il faut dire que le Bénin est dans une grave crise politique depuis l’année dernière après les élections législatives organisées entre avril et juin 2019, lors desquelles l’opposition n’avait pu présenter la moindre liste. Des manifestations avaient ensuite éclaté dans le pays, dirigées notamment par les partisans de l’ancien chef de l’Etat, Yayi Boni, mais réprimées par les forces de l’ordre qui n’avaient pas hésité à tirer des balles réelles sur la foule.

Une élection qui avait d’ailleurs été marquée par le fort taux d’abstention, qui avait dépassé les 70 %. Un record qui pourrait être battu ce dimanche ; plusieurs électeurs se disant favorables à l’appel au boycott lancé par de nombreux partis d’opposition.

Selon l’Agence France-Presse, les listes des 77 communes du Bénin proposent des candidats de cinq partis, pour la plupart , proches de l’actuel président Patrice Talon et dont un seul est issu de l’opposition.

Une élection qui va également se tenir dans un contexte sanitaire très risqué, marqué par la pandémie du Covid-19.  En effet, si le Bénin comptait 339 cas confirmés officiellement du Covid-19, dernièrement ces chiffres ont fortement augmenté ces derniers jours, en raison des tests massifs organisés par le gouvernement.

Campagne tronquée, élection masquée

Toutefois, le président de la Commission électorale nationale (Cena), Emmanuel Tiando, a confié à l’AFP que : « le gouvernement et la Cena ont pris les mesures appropriées pour protéger les citoyens », précisant notamment qu’ « il y aura dans le cadre des mesures de protection sanitaire contre le Covid-19, du gel hydroalcoolique pour se désinfecter les mains et des masques pour nous protéger contre la pandémie ».

Mais l’opposition parle d’une élection “à marche forcée”, surtout après une campagne électorale tronquée, marquée par l’interdiction des meetings politiques, les « porte-à-porte » et les rassemblements de plus de 50 personnes par le gouvernement. Une campagne virtuelle donc, limitée aux affichages et à des messages diffusés sur les radios et la télévision.

Le Collectif pour la sauvegarde de la démocratie béninoise, un groupe de Béninois de la diaspora, a déclaré que cette élection, « est une vaste escroquerie politique », à « caractère exclusif, en raison du contexte sanitaire imposé par le Covid-19 », soulignant que, « des élections démocratiques nécessitent un environnement respectueux des droits fondamentaux, et notamment la liberté d’association, la liberté d’opinion et d’expression, ainsi que d’assurer la sécurité des électeurs ».

Dans tous les cas, ce dimanche, 5,4 millions d’électeurs béninois sont appelés à se rendre dans les 14 950 bureaux de vote du pays, pour des élections particulières lors desquelles, le port du masque sera obligatoire.