Les leaders de l’ANC

Ayant perdu sa majorité absolue au sein du Parlement, l’ANC est dans l’obligation de bâtir une coalition, pour partager le pouvoir.

Avec 159 élus, soit 40,19%, le parti de Mandela demeure la formation la plus représentée et dont la participation au gouvernement est impérative.

Mais, il est tout aussi impératif qu’elle se mette d’accord avec une ou plusieurs autres formations politiques, pour pouvoir former un gouvernement majoritaire.

Toutefois les possibilités sont limitées, si l’actuel président, Cyril Ramaphosa, souhaite conserver son leadership et son poste de chef de l’Etat.

En effet, le nouveau parti créé par l’ex-président Jacob Zuma, MK, a raflé 49 sièges et devient la troisième force politique nationale, derrière l’Alliance Démocratique qui obtient 87 élus.

L’ANC devra trouver un accord avec l’un ou l’autre de ces deux partis, dans la mesure où Zuma a rejeté l’idée de rejoindre Ramaphosa. Si ce dernier quitte le leadership de l’ANC, MK pourrait accepter.

L’Alliance Démocratique serait plus accommodante et se conterait d’une éventuelle offre de collaboration avec l’ANC.

Le parti de Malema (crédité de 14 parlementaires) n’est pas en mesure de donner une majorité à l’ANC.

Il pourrait renforcer une coalition cependant, si elle n’avait pas des exigences radicales, sur l’expropriation des terres des Blancs.

Le certain est qu’une réconciliation Zuma/Ramaphosa semble inenvisageable, dans le court ou moyen terme.

Le conflit est allé très loin et l’inéligibilité de Zuma imposée par la justice, ne va pas faciliter les choses.

Dans le contexte actuel, seule une mise à l’écart de Ramaphosa, baliserait le chemin d’un retour au bercail de Zuma.

L’ANC a les cartes en main, mais va devoir composer et faire face à une situation inédite, pour elle, depuis la fin de l’Apartheid.

Cette recomposition du jeu politique sud-africain est, au fond, une bonne chose car le parti de Mandela va se remettre en question et jouer le jeu de la démocratie.

En s’occupant des nouveaux enjeux politiques et économiques, dans une nouvelle Afrique du Sud, toujours en proie aux inégalités criardes entre Blancs et Noirs.

D’une manière ou d’une autre, la question agraire doit être résolue et, sur ce point Malema a raison.

Que la bonne solution soit l’épreuve de force fait débat, dans une société démocratique.

Mais le statut quo est un volcan en sommeil et les Blancs doivent en avoir conscience.

Le changement inéluctable doit favoriser l’accès aux terres des Noirs, naguère spoliés, colonisés et décimés par les Boers.

La vraie réconciliation nationale exige que justice soit faite.

L’exemple de Mugabé au Zimbabwé qui a été diabolisé par les occidentaux, à tort est à méditer.

Car, c’est de guerre lasse (les colons anglais ayant joué la montre, pour ne pas respecter les Accords de Lancaster House(financement du rachat des terres  pour les redonner aux Noirs) qu’il a opté pour l’expropriation pure et simple.

En Afrique du Sud, l’injustice ne peut perdurer.

L’indépendance sans que les terres ne soient restituées à leurs propriétaires légitimes, est une fiction.

Le combat qui se poursuit est celui de l’égalité et de la vraie justice.

Cette première chute de l’ANC, est un avertissement politique qui pourrait annoncer, demain, si rien n’est fait pour changer la donne économique, un séisme de plus grande ampleur.

A tous les acteurs politiques d’en prendre conscience et d’agir en conséquence.