L’ex-président Jacob Zuma sera jugé pour corruption.

L’ancien président sud-africain Jacob Zuma, poursuivi pour corruption, se retrouve sous le coup d’un mandat d’arrêt qui sera effectif le 6 mai. Et ce, pour ne pas s’être présenté mardi à une audience préliminaire à son procès dans une vieille affaire de contrat d’armement.

Les avocats de l’ancien chef de l’Etat ont invoqué des raisons médicales pour justifier l’absence de leur client devant la Haute Cour de Pietermaritzburg (est). « Il n’est pas inhabituel qu’un homme de son âge », à savoir 77 ans, « tombe malade », a expliqué son avocat, Dan Mantsha, cité par l’AFP.

« La cour accepte que M. Zuma puisse ne pas être en bonne santé », mais elle a besoin de « preuves fiables », a réagi la juge Dhaya Pillay, doutant notamment que l’auteur du certificat médical de l’ex-président soit un médecin enregistré en bonne et due forme. Par conséquent, « un mandat d’arrêt pour l’accusé M. Zuma est lancé mais suspendu jusqu’au 6 mai 2020 », a-t-elle conclu. Si l’ancien président ne se présente pas à la prochaine audience qui a été fixée au 6 mai, le mandat d’arrêt sera effectif, a précisé mardi la juge Dhaya Pillay.

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L’ancien président, au pouvoir de 2009 à 2018, était convoqué mardi dans le cadre d’une audience en vue de son procès dans une affaire de contrat d’armements, aux multiples rebondissements judiciaires.

Il est accusé d’avoir touché 4 millions de rands – environ 242.000 euros au cours actuel – de pots-de-vin de la société française Thales, dans le cadre de cet énorme contrat de 51 milliards de rands (environ 3 milliards d’euros) attribué en 1999. A l’époque, Zuma était vice-président de l’Afrique du Sud.

Zuma et Thales, qui a remporté une partie du contrat pour l’équipement de navires militaires, ont toujours nié ces allégations.

Mis en cause dès 2003 dans le dossier Thales, Zuma a toujours réussi à échapper aux mailles du filet de la justice. Son conseiller financier à l’époque des faits, Schabir Shaik, a, lui, été reconnu coupable de corruption dès 2005 et condamné à quinze ans de prison.

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Depuis deux ans, le vent a cependant tourné pour Jacob Zuma. Longtemps réputé inatteignable, il a été poussé à la démission de la présidence sud-africaine en février 2018, emporté par de nombreux scandales de corruption. S’il est jugé et reconnu coupable dans l’affaire Thales, Jacob Zuma encourt une peine minimum de 15 ans de prison.

Il est également soupçonné de corruption dans d’autres dossiers beaucoup plus récents, du temps de sa présidence. Il doit de nouveau être entendu par une commission censée faire la lumière sur les multiples accusations de corruption au sommet de l’Etat pendant son règne, une corruption qui a coûté, selon son successeur Cyril Ramaphosa, plus de 500 milliards de rands (30 milliards d’euros) au pays.