L’ANC, parti historique au pouvoir en Afrique du Sud, a suspendu son secrétaire général Ace Magashule, accusé de corruption. Il s’agit d’un « succès » pour le président Cyril Ramaphosa, qui jouait gros sur ce dossier, au sein d’un parti fractionné.
« Vous êtes, par la présente, suspendu temporairement à partir du 3 mai 2021 jusqu’à l’issue finale de votre procédure judiciaire », a informé Jessie Duarte, Secrétaire générale adjointe du Congrès national africain, dans une lettre adressée à Magashule, indiquant que cette décision serait « dans le meilleur intérêt » du parti.
Mais Magashule, premier haut responsable du parti à être mis à l’écart dans le sillage de la nouvelle politique anticorruption de l’ANC, a assuré qu’il n’irait nulle part. Au lieu de se retirer, il a sommé à son tour Cyril Ramaphosa de temporairement quitter ses fonctions de président, invoquant pour ce faire ses pouvoirs en tant que Secrétaire général du parti.
Fin mars, Ace Magashule, 61 ans, avait reçu un ultimatum de trente jours pour se retirer après avoir été accusé de détournement de fonds publics alors qu’il était Premier ministre de l’Etat libre, une des neuf provinces d’Afrique du Sud. Le politicien a refusé de démissionner, contraignant le parti à le suspendre.
Le Congrès national africain (ANC) de Nelson Mandela, empêtré jusqu’au cou dans des affaires de corruption depuis plusieurs années, cherche à se refaire une virginité face à des électeurs écœurés.
Mais les soutiens internes d’Elias Magashule, surnommé « Ace », sont nombreux, notamment parmi les partisans de l’ancien président Jacob Zuma, qui traîne lui-même des batteries de casseroles.
Le parti avait donné à « Ace » 30 jours pour partir de lui-même. Mais l’ex-patron de l’ANC dans la province du Free State (Centre), accusé par une biographie explosive intitulée « Gangster State » d’y avoir régné en mafieux, a laissé passer la date butoir, la semaine dernière, forçant le parti à prendre ses responsabilités.
Sa suspension, qui lui a été signifiée par une lettre signée de son adjointe, Jessie Duarte, au nom de l’ANC, a pris effet lundi et court jusqu’à l’aboutissement de son procès, a-t-on appris mercredi, lorsque cette lettre a fuité dans les médias.
Actuellement en liberté sous caution, « Ace » sera jugé en août aux côtés d’une quinzaine de coaccusés, pour avoir notamment volé de l’argent public mis de côté en 2014 pour désamianter des logements sociaux, lorsqu’il était Premier ministre du Free State. Les travaux n’ont jamais eu lieu : les enquêteurs estiment que l’équivalent de près de dix millions d’euros ont été « empochés ».