Après le Burundi, c’est l’Afrique du Sud qui vient de décider de se retirer de la cour pénale internationale(CPI).
La révolte des pays africains contre une cour qui semblait tailler sur mesure contre eux se confirme et prend une tournure spectaculaire. Car si dans le cas du Burundi le choix témoigne d’une peur panique d’un dictateur, Pierre Nkurunziza de devoir répondre un jour de ses crimes; dans le cas de l’Afrique du Sud, c’est bien un pays démocratique, le plus puissant économiquement du continent qui fait un pied de nez à la CPI.
La décision de Prétoria ruine la crédibilité de cette institution et va certainement faire tache d’huile.
La vérité est que la CPI cible les pays africains qui avaient, en toute bonne foi, ratifier le traité de Rome. Ils s’étaient piégés tout seuls. À l’époque un Etat comme la Guinée-Equatoriale avait refusé de signer et faisait l’objet d’attaques virulentes de la part des Occidentaux. Aujourd’hui, le président Obiang Nguema peut pavoiser même si cela ne dédouane pas son régime coupable de violences et d’exactions multiples depuis bientôt 40 ans.
Se jeter pieds et poings liés dans les griffes de la CPI a été une erreur au vu de la manière dont cette institution s’acharne sur les Etats africains. Les violations des droits de l’homme et les crimes contre l’humanité se font partout dans le monde. Mais les grands pays de la planète à savoir les Etats-Unis d’Amérique, la Chine et la Russie ont, tous refusé de devenir membres de la CPI.
Pourquoi alors l’imposer à l’Afrique ? N’est-ce pas une manière détournée d’empiéter sur la souveraineté des Etats ? Même si jusqu’ici les responsables africains jugés à la CPI comme Charles Taylor ou en ce moment Laurent Gbagbo méritent de l’être.
Cependant la justice de leur pays respectif aurait pu les juger ou un tribunal comme celui ayant abrité le procès de Hisséne Habré au Sénégal.
La CPI n’est pas la panacée. Elle a agi jusqu’ici de manière discriminatoire contre les Africains.
C’est ce constat que le retrait sud-africain met en exergue et il démontre aussi que les Etats africains sont souverains et peuvent donc quitter libre une institution pernicieuse.
D’ailleurs ils n’ont jamais voulu exécuter la décision de la CPI concernant le président soudanais Omar EL Béchir qui voyage librement en Afrique malgré un mandat d’arrêt de la CPI.
Cette institution doit se remettre en question elle-même pour regagner la confiance des Africains. Elle ne doit pas être le bras armé d’une justice caricaturale voire raciste.
Et ce n’est pas parce que des magistrats africains y siègent qu’elle est au-dessus de tout soupçon de racisme. Non !
L’instrumentalisation y est une réalité indéniable ne serait-ce que du fait que les USA refusent d’en être membres tout en la louant dans ses actions contre les dictateurs africains.
L’Afrique du Sud vient d’agir en leader et ouvre la voie à une sérieuse remise en question de la CPI. Celle-ci doit se réformer en profondeur ou disparaître. Ou alors rester une institution vidée de la plupart de ses membres africains. Ce qui signerait de facto son acte de décès.