Dans un rapport publié jeudi, l’organisation Human Rights Watch (HRW) accuse l’armée israélienne de commettre des déplacements forcés de population dans la bande de Gaza, actions qu’elle qualifie de “crime de guerre”.
Des déplacements qualifiés de crime de guerre
Selon HRW, les ordres répétés d’évacuation des zones de Gaza par l’armée israélienne constituent des transferts forcés de civils, une pratique assimilable à un crime de guerre. “Human Rights Watch a rassemblé des preuves montrant que des responsables israéliens (…) commettent le crime de guerre de transfert forcé de civils,” indique le rapport.
L’organisation souligne que les actions de l’armée israélienne “semblent également correspondre à la définition du nettoyage ethnique”, notamment dans les zones d’où les Palestiniens ont été sommés de partir sans espoir de retour.
Israël invoque des impératifs militaires
De leur côté, les autorités israéliennes affirment que les ordres d’évacuation répondent à des impératifs militaires et visent à protéger les civils. Elles soulignent qu’il s’agit de prévenir des risques dans les secteurs où des groupes armés sont actifs.
HRW rétorque que “Israël devrait démontrer dans chaque cas que le déplacement de civils est la seule option possible pour se conformer au droit international humanitaire”, selon Nadia Hardman, chercheuse à HRW. Elle ajoute qu'”Israël ne peut pas se contenter d’invoquer la présence de groupes armés pour justifier ces déplacements”.
Un nettoyage ethnique ?
Ahmed Benchemsi, porte-parole de HRW pour le Moyen-Orient, dénonce ce qu’il qualifie de “nettoyage ethnique”. “Rendre systématiquement inhabitables de vastes portions de Gaza constitue un nettoyage ethnique”, affirme-t-il.
En octobre, l’ONU estimait à 1,9 million le nombre de Gazaouis déplacés, soit près de 80 % de la population, initialement évaluée à environ 2,4 millions d’habitants.
Zones tampons et démolitions massives
Le rapport de HRW, long de 170 pages, se concentre sur deux zones spécifiques : les corridors de Neztarim et Philadelphie. Ces zones auraient été “rasées, élargies et nettoyées” par l’armée israélienne pour y créer des couloirs de sécurité.
La première zone, coupant Gaza d’est en ouest entre la ville de Gaza et le Wadi Gaza, atteint désormais une largeur de 4 km, selon HRW. Presque toutes les constructions y auraient été démolies, comme l’a précisé Nadia Hardman lors d’une présentation à la presse.
Le corridor Philadelphie longe, quant à lui, la frontière avec l’Égypte. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré que l’armée maintiendrait le contrôle de cette zone pour des raisons de sécurité.
“Ils veulent nous effacer”, témoigne un déplacé
HRW appuie ses conclusions sur des entretiens avec des Gazaouis, des analyses d’images satellites et des données publiques, couvrant les événements jusqu’en août 2024. Le rapport ne prend pas en compte l’offensive israélienne actuelle dans le nord de Gaza, qui a déjà provoqué le déplacement d’au moins 100 000 personnes vers la ville de Gaza, selon Louise Wateridge, porte-parole de l’Unrwa.
Imam Hamad, un père de famille de 41 ans de Beit Hanoun, a confié à l’AFP avoir été déplacé plus de dix fois. “Avant, je pensais qu’ils voulaient nous déplacer, maintenant je réalise qu’ils veulent nous tuer et nous effacer”, a-t-il déclaré mercredi.