Le sommet de l’union africaine qui ferme ses portes à Addis Abeba consacre Paul Kagame du Rwanda comme nouveau président en exercice de l’organisation panafricaine.
L’homme fort de Kigali a pour mission de « réformer » l’UA, de dégager une immense majorité voire un consensus sur l’autofinancement de l’institution par l’adoption d’une taxe de 0,02 sur les importations des pays membres.
Cette proposition aurait été acceptée par une vingtaine d’Etats. Mais des géants du continent comme l’Afrique du Sud et l’Egypte sont réticents pour des raisons internes propres à leur système économique. Peut-être que les lignes vont bouger et permettre l’adoption définitive de cette mesure dont l’objectif est de permettre un financement endogène de l’UA. Pour l’heure presque tout le monde souscrit à un tel impératif que les Africains ont l’obligation morale et politique d’imposer à l’UA.
L’UA ne peut continuer à dépendre de l’aide extérieure pour se financer. Les Etats africains ont les moyens d’assurer le fonctionnement de leur propre organisation qui, même si elle est peu performante, continue de symboliser l’unité continentale. Et ce n’est pas rien. D’ailleurs le président Kagamé a l’ambition de secouer le cocotier pour agir plus efficacement notamment dans le domaine des échanges économiques entre pays membres.
C’est un grand défi car, bientôt soixante ans après les indépendances, les vieilles structures commerciales héritées du système colonial demeurent. Les axes de communication à l’intérieur du continent sont encore peu développés. Le NEPAD qui avait pour principal objectif de les réaliser va être remplacé par une agence. L’évolution sera plébiscitée si et seulement si elle enclenche une dynamique qui renforce l’intégration continentale.
Le NEPAD a été une expérience positive avec des réalisations dignes d’éloge. On peut dire qu’il a fait sortir l’UA de la simple bureaucratie. Et, à cet égard a tracé une nouvelle voie dans laquelle doit s’engouffrer Kagamé. Ce dernier a une réputation bien établie, depuis plus d’une vingtaine d’années qu’il dirige le Rwanda.
Son pays a fait des bonds prodigieux sur le plan du développement économique ; ce qui prouve l’efficacité de ses méthodes. Même si les libertés démocratiques ne sont pas toujours respectées dans son pays. Toutefois il faut mettre un bémol dans la mesure où Kagamé n’est que « président en exercice » et seulement pour une année.
Il peut laisser sa marque en faisant preuve de pragmatisme et donc de souplesse.