La prise de la ville de Palma au Mozambique par des jihadistes est un événement spectaculaire qui met en lumière la terrible menace jihadiste/terroriste qui pèse sur la quasi-totalité du continent africain. Désormais le Nord, l’Est et l’Ouest de l’Afrique sont touchés et, avec le Mozambique, le danger pointe au Sud. Même si dans cette partie du continent, il sera difficile aux jihadistes de recruter, du fait de la très faible implantation de la religion islamique. Toutefois, ce seul état de fait ne constitue pas une garantie lorsque la gangrène de la misère, du sous-emploi, du chômage, de l’analphabétisme, de l’obscurantisme, s’est enracinée comme un cancer et se métastase dans le corps social.
Partout les mêmes causes produisent les mêmes effets et les terroristes étalent leurs tentacules, ainsi, dans des zones où leur propagande mortifère et simpliste, trouve un écho favorable. Cela explique l’enracinement des groupuscules islamistes terroristes comme Boko Haram, créé en 2002 au Nigeria et qui sévit autour du lac Tchad, dans les Etats du Tchad, du Nigéria, du Niger et du Cameroun. Les Shebabs créé en Somalie en 2006 et Al Qaida au Maghreb fondé en 2007 terrorisent les populations en Afrique orientale et au nord et à l’ouest du continent. Le nombre de pays touchés ne cesse de grandir :tous les pays du Maghreb, beaucoup en Afrique orientale, plusieurs dans la zone occidentale et maintenant , avec le Mozambique, la voie du Sud pourrait être ouverte. Il y a comme un rouleau compresseur qui se déploie, avec des terroristes dont l’objectif est bien de conquérir de nouveaux territoires.
Al Qaida et l’Etat islamique défaits au Moyen-Orient ciblent l’Afrique comme une nouvelle zone de réimplantation. Ils font feu de tout bois et exploitent toutes les fragilités multiformes des pays africains. Les dictatures comme les démocraties offrent des possibilités à des hommes sans foi ni loi qui ne reculent devant rien :assassinats de masses, prises d’otages avec demande de rançon, offres de service à des forces occultes intéressées à déstabiliser tel ou tel Etat etc. L’exemple de la Somalie transformée en « Etat fantôme » et en vrai théâtre de guerre quotidienne est à méditer.
Comme celui du Mali qui depuis 2013 a vu le nord du territoire devenir une zone hors contrôle, où divers groupes terroristes mènent toutes sortes d’activités criminelles :meurtres, nettoyage ethnique, prise d’otages, trafic d’êtres humains et de drogue, etc. Dans la tristement célèbre « zone des trois frontières » entre le Mali, le Burkina et le Niger, tueries et actes génocidaires y sont perpétrés de manière récurrente ,au nez et à la barbe des forces du G 5 sahel qui brillent par son impuissance liée à son manque de moyens, notamment.
La force française Barkhane qui dispose de 5100 hommes a réussi quelques exploits, avec l’élimination de chefs terroristes comme Abdelmalek Droukdel, l’année dernière. Elle a aussi « neutralisé » de nombreux jihadistes ;mais ses moyens sont limités dans un territoire désertique immense où les criminels ont l’avantage du terrain, malgré les repérages satellitaires et l’utilisation des drones. Sans une mobilisation internationale beaucoup plus forte, avec des moyens colossaux, l’éradication du terrorisme jihadiste en Afrique reste un objectif hors de portée.
Dès lors la quasi-totalité des pays africains restent sous la menace et l’émergence économique -qui semblait pouvoir être atteinte dans les décennies à venir-compromise. C’est bien l’avenir du continent africain qui est en jeu, mais aussi celui de l’Europe, car si les terroristes s’incrustent au Nord et à l’Ouest ,ils pourront mener des opérations terrifiantes de l’autre côté de la Méditerranée. L’Europe n’a donc pas intérêt à laisser la France seule s’engager dans le Sahel. Elle doit l’appuyer fortement ,par des actes concrets. L’ONU doit aussi renforcer ses « missions » déployées sur place, avec des ressources additionnelles à chercher auprès de tous les Etats membres riches. L’union africaine(UA) ne doit pas être en reste et doit revoir ses priorités. Sans sécurité, tout est illusoire !
La menace jihadiste/terroriste est, en vérité, planétaire. L’Afrique est considérée par l’etat islamique et Al Qaida comme le « maillon faible » où il est possible de s’incruster, d’établir des bases, de recruter massivement pour, ensuite, lancer des opérations dévastatrices d’abord en visant les intérêts occidentaux et les Etats démocratiques identifiés comme « pro-occidentaux ». Le défi est donc mondial et c’est bien la liberté qui est ciblée. Le terrorisme /jihadiste ne tolère ni la liberté de culte, ni la démocratie. Il est l’ombre portée du totalitarisme. Ce qui se passe au Mozambique, où un mega-projet gazier est sous la menace des terroristes qui viennent prendre la ville de Palma, doit interpeller tous les Africains démocrates, patriotes lucides qui refusent d’être sous la coupe de qui que ce soit.