Ce lundi 07 Septembre 2020 se tient le sommet de la CEDEAO à Niamey (capitale du Niger). Cette rencontre sera marquée par la désignation du prochain président de la CEDEAO qui prendra le relai des mains du président  sortant le nigérien Mahamadou Issoufou.

Le sommet de la CEDEAO qui se tient aujourd’hui lundi à Niamey sera sanctionné par l’élection du remplaçant de l’actuel Président en exercice Mahaman Issoufou. Ce dernier devra quitter ses fonctions de président du Niger et de la CEDEAO, au mois de décembre 2020.

Selon des sources formelles de «Afrique Confidentielle», un pays anglophone notamment le Ghana devrait  prendre la présidence de cette organisation communautaire. Le président ghanéen Nana Akufo-Addo aurait mis en contribution tous ses réseaux diplomatiques pour succéder au président Issoufou. Son élection ne sera guère une surprise pour «Afrique Confidentielle».

Et pourtant, il ne manquait pas de pays qui jusque-là étaient réticents sur le choix qui devrait être porté sur le président ghanéen Nana Akufo-Addo. Ces pays auraient souhaité que la présidence de la CEDEAO revienne à la Sierra Leone ou au Libéria.

Rappelons que ces deux Etats sont dirigés par des leaders émergents qui s’affirment de manière positive sur le plan démocratique surtout. Malgré tous ces facteurs qui jouent en faveur du Libéria et de la Sierra Léone, le Ghana a réussi à se positionner pour diriger la présidence de la CEDEAO. Par rapport à leur ancienneté, il faut reconnaitre que le président ghanéen a été élu président de la République bien avant Georges Weah (Libéria) et Julius Maada Bio (Libéria).  Il est également plus âgé qu’eux.

Pour rappel, le président du Ghana Nana Akufo-Addo a été élu président de la République le 7 janvier 2017. Georges Weah est devenu président de la République du Liberia le 22 janvier 2018. Le général Julius Maada Bio est élu président de la République le 31 mars 2018.

Toutefois, selon certaines sources diplomatiques, les réserves de certains pays sont fondées par le fait qu’il n’est pas souhaité que la présidence de la CEDEAO soit assurée par un chef d’Etat candidat à une élection présidentielle dans son pays. Car ce cumul risque de provoquer un conflit d’intérêt dans la mesure où, à chaque élection, la CEDEAO envoie des observateurs qui ont la mission de juger la transparence  et de la sincérité du scrutin. Or, il n’est pas souhaité que le président de la CEDEAO de surcroit candidat à une élection présidentielle dans son pays, choisisse ses propres observateurs. Cela pourrait entacher la crédibilité du scrutin aux yeux de ses adversaires. La présidentielle aura lieu au Ghana le 07 Décembre 2020.

L’absence annoncée du président de la République de la Sierra Léone milite en faveur du Ghana. Le général Julius Maada Bio président de la Sierra Léone ne fera pas le voyage. Car, selon des sources de «Afrique Confidentielle », le président de la Sierra Léona ne dispose  pas d’un avion présidentiel et la situation financière de son pays, ne lui permettrait pas de prendre un appareil en location pour se rendre à Niamey afin d’assister à une élection au terme de laquelle, il ne sera pas élu. Et, avec la Covid-19 les vols réguliers qui lui permettaient de faire ses déplacements ne sont plus disponibles. Par ailleurs, on se demande aussi si Georges Weah dispose d’assez de soutiens au sein de la CEDEAO pour pouvoir faire face au président du Ghana ? Donc, c’est juste une question d’heure pour que Nana Akufo-Addo soit enfin élu président de la CEDEAO.

ENJEUX SECURITAIRES

Le président du Niger Mahamadou Issoufou va passer le témoin dans un contexte marqué par le coup d’Etat au Mali mais aussi par les offensives terroristes au Burkina Fasso, au Mali, au Niger, au Nigéria et au Tchad. Le président Nana Akufo-Addo devra prendre ces questions en main. D’abord, suite à la décision prise par les Emirats Arabes Unis d’accueillir l’ancien président Ibrahima Boubacar Keita pour des raisons humanitaires, il reviendra au prochain président de la CEDEAO d’entrer en contact avec la junte militaire au Mali pour une normalisation de la situation afin d’éviter un redéploiement des forces terroristes vers le centre du pays.
Le Mali est aussi marqué par la mort récurrente de soldats français de l’Opération Barkhan qui collaborent avec les forces de la MINUSMA dans la sécurisation de cette zone. Depuis 2013, la CEDEAO qui a eu des difficultés pour la résolution de la crise au Mali, devrait davantage s’engager pour éviter le pire. En plus, les pays du G5 membres de la CEDEAO connaissent les mêmes difficultés sur le plan sécuritaire.
L’arrivée d’un président anglophone à la tête de la CEDEAO pourrait amener la France à revoir son approche pour son implication dans les crises qui touchent ses anciennes colonies. S’y ajoute l’entrée de la monnaie Eco qui avait commencé à installer un malaise entre la France, la Côte d’Ivoire, le Nigéria et le Ghana. Rappelons juste que les présidents nigérians et ghanéens s’étaient démarqués de cette monnaie dont ils avaient jugé prématuré son lancement.