Les terroristes du groupe Boko Haram ont multiplié les attaques ces dernières semaines dans le sud-est du Niger, et ce malgré les efforts déployés par les autorités et les annonces officielles.
Diffa, la capitale régionale de 200.000 habitants située à la frontière avec le Nigeria, a été attaquée à quatre reprises en mai alors que 12 soldats nigériens au moins ont été tués dans l’attaque du poste de Blabrine, au nord-est de Diffa, proche du Tchad.
« Les bruits des armes font partie de notre quotidien. Quand ça commence à tirer, nos coeurs battent très fort », affirme Aïchatou Ibrahim, ménagère à Diffa, citée par l’AFP, qui réside près du pont de Doutchi où ont lieu une partie des attaques.
Habitants et autorités sur place ne distinguent pas Boko Haram de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP), issu d’une scission de Boko Haram, et parlent indifféremment de « BH ».
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Mais la propagande terroriste fonctionne à plein, notamment après l’attaque de Doutchi (pont d’entrée à 10 km de Diffa). Une vidéo de l’ISWAP montre des insurgés s’emparer au milieu de tirs nourris d’un camp de l’armée nigérienne, mettant la main sur des véhicules et des stocks d’armement.
Les habitants vivent avec la menace depuis 2015 et les premières attaques des terroristes nigérians de Boko Haram sur le sol nigérien. Diffa et Bosso, riveraine du bassin du lac Tchad (à cheval entre le Niger, le Nigeria, le Cameroun et le Tchad), avaient été visées.
Après des années de combats incessants, la situation avait connu une accalmie au cours des 8 derniers mois avec trois attaques seulement contre l’armée en octobre 2019 à Blabrine (12 soldats morts), mars 2020 à Chétima Wangou (8 soldats morts) et Toumour (50 combattants de Boko Haram tués).
Fin mars, l’armée tchadienne a déclenché une grande offensive pour venger la mort d’une centaine de ses soldats tués sur la presqu’île de Bohoma, plus lourde perte jamais enregistrée par le Tchad. N’Djamena a affirmé avoir tué 1.000 combattants et chassé les terroristes de son sol.
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Le Niger a annoncé en février avoir acquis deux nouveaux hélicoptères de combat pour « renforcer » son arsenal. « Nos forces de défense et de sécurité prennent de plus en plus l’ascendant sur les terroristes », s’est satisfait récemment le président nigérien Mahamadou Issoufou.
La région de Diffa abrite selon l’ONU 300.000 réfugiés nigérians et déplacés, fuyant depuis 2015 les exactions des terroristes. Le Niger doit aussi faire face dans l’Ouest, à ses frontières avec le Mali et le Burkina, à de fréquentes attaques des groupes terroristes sahéliens dont l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS).