Ces derniers jours, pas moins de 85 personnes civiles et militaires ont été tuées successivement au Tchad, au Burkina, au Mali et au Niger qui ont enregistré les assassinats, dans l’ordre, de 25 soldats, 30, 15, 15 et 15 civils.

C’est révoltant et témoigne de la barbarie des jihadistes dont les actes criminels quasi quotidiens finissent par être banalisés. A tort !

Plus que jamais la menace terroriste qui s’abat sur le continent africain devrait mobiliser la communauté internationale.

Mais la pandémie de la Covid et les enjeux sanitaires et économiques colossaux qu’elle met en exergue, relèguent au second plan ces massacres « lointains ».

En effet si cela se passait en Europe, Covid ou pas, la couverture médiatique et la mobilisation subséquente seraient au rendez-vous planétaire.

Ce constat fait, il reste à interpeller, encore une fois, l’Union africaine, le G5 Sahel, la CEDEAO et l’ONU pour agir, afin d’avoir des moyens de riposte, à la hauteur du défi militaire jihadiste.

Les pays concernés directement n’ont pas les moyens de défendre les vastes territoires qu’ils ont hérités du découpage colonial.

Les ressources humaines et le matériel font défaut et c’est l’une des raisons pour lesquelles ils ont été ciblés par Daech, Aqmi, Boko Haram (Tchad) et autres groupuscules terroristes.

On peut ajouter le Burkina qui a fêté son premier héros olympique et fait le deuil de ses 30 citoyens lâchement fauchés par des terroristes.

Ce pays paie le plus lourd tribut de cette semaine cauchemardesque et continue de s’enfoncer dans une crise sanglante qui révèle le limites de ses capacités à garantir la sécurité de ses citoyens.

A l’évidence, pour le moment, c’est le maillon faible et cette situation s’explique par l’état de désorganisation de son armée depuis la chute de Blaise Compaoré en 2014, le coup d’Etat avorté de Bassolé (qui affirme n’y avoir pas trempé), Diendéré et compagnie et les soubresauts judiciaires .

L’élection et la réélection de Roch Kaboré n’a pas permis de restaurer ordre et sécurité dans le pays, où la paupérisation reste un terreau fertile pour les jihadistes. Comme au Mali et au Niger.

Ce tableau synoptique ne décrit pas assez la profondeur des maux socioéconomiques et politiques qui gangrènent ces pays plongés dans l’enfer du terrorisme endémique.

Pourtant l’intérêt bien compris de la communauté internationale est d’aider massivement ces Etats qui sont des proies faciles.

En effet, une fois qu’ils seront totalement déstabilisés ou, pire « somalisés », ils vont devenir des sanctuaires pour terroristes  parias.

Comme naguère l’Afghanistan où avait élu domicile Ben Laden.

Il y a urgence et le décompte macabre des victimes quotidiennes ou hebdomadaires dans le Sahel devrait sonner l’alarme.

Regarder ailleurs est beaucoup plus facile ; si on oublie que le réveil pourrait être particulièrement douloureux.