Les pays du G5 Sahel et la France ont scellé une alliance pour éradiquer le terrorisme dans la région

Le groupe Etat islamique (EI) a été désigné ennemi numéro dans la région du Sahel par les chefs d’Etat de la région et leur allié français. L’EI pose un redoutable défi aux forces nationales et internationales.

Depuis le début du conflit, des groupes basés au Mali et regroupés sous la bannière d’Al Qaïda constituaient la figure de proue du terrorisme sahélien. Mais désormais, l’ « ennemi prioritaire », c’est l’EI, a assuré le président français Emmanuel Macron. « La priorité, c’est l’Etat islamique du Grand Sahara » (EIGS), a-t-il déclaré lundi devant ses alliés sahéliens rassemblés en sommet à Pau (sud-ouest de la France).

L’EIGS a été créé en 2015 par Adnane Abou Walid al-Sahraoui, ancien membre du Front Polisario, puis de la mouvance terroriste Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI). Désavouée par ce dernier groupe après avoir fait allégeance à l’EI en 2015, sa « katiba » a été reconnue par l’EI un an plus tard.

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Depuis, « il y a eu une importante montée en puissance de l’EIGS », estime Mahamoudou Savadogo, chercheur burkinabè au Carrefour d’études et de recherche d’action pour la démocratie et le développement, cité par l’AFP. « Jusqu’en 2018, le groupe a travaillé à s’implanter dans la zone des trois frontières (Niger, Burkina Faso et Mali), à recruter et se financer. Et en 2019 ils étaient prêts ».

Les attaques les plus meurtrières de ces derniers mois ont eu lieu dans la zone d’influence de l’EIGS, qui les a quasiment toutes revendiqués. Elles ont été menées dans un rayon de 200 km dans la région des trois frontières: jeudi à Chinégodar (Niger, 89 soldats tués), fin décembre à Arbinda (Burkina, 42 morts, dont 35 civils), le 10 décembre à Inates (Niger, 71 soldats tués), et en novembre les combats à Tabankort (Mali, 43 soldats tués) et l’attaque d’Indelimane (Mali, 49 soldats tués).

Le mode opératoire reste le même: des dizaines de motos fondent sur un camp militaire isolé, en détruisent les moyens de communication, le pilonnent au mortier, et tuent les soldats sur place, puis s’échappent dans la brousse avant toute riposte.

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« Les dernières attaques semblent montrer que le groupe a acquis des compétences en +command and control+ (commandement et coordination) qu’il n’avait pas avant, avec des chefs de groupes capables de monter des attaques d’ampleur », s’inquiète une source militaire française, cité par l’AFP.

Le groupe reçoit en outre un appui technique de la branche de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP), assure Matteo Puxton, analyste indépendant qui s’exprime sous un pseudonyme après avoir été menacé. Selon la propagande terroriste, l’EIGS a été incorporé mi-2019 à l’ISWAP, qui comprend également une faction dissidente du groupe Boko Haram au Nigeria.