Un total de 63.316 migrants sont rentrés chez eux en 2018, par le biais des programmes de retour volontaire et de réintégration de l’OIM.

Les représentations de flux migratoires en Afrique sont souvent mal interprétées et déformées, selon un nouveau rapport majeur de l’Union africaine et de l’Organisation internationale pour les migrations. Entre autres choses, le rapport indique que la plupart des migrants africains traversent les frontières terrestres du continent, au lieu des mers et des océans sur des bateaux de fortune.

Les experts auteurs de ce rapport disent que ces fausses perceptions ont un impact néfaste sur les politiques, selon lesquelles la majeure partie de l’argent sert à dissuader les gens de voyager vers le Nord à travers la Méditerranée plutôt que de se concentrer sur les 80% d’Africains qui n’ont aucun intérêt à quitter le continent  en migrant.

Cela conduit à «une horrible impression sensationnaliste de migration irrégulière en provenance d’Afrique», indique le Rapport sur la migration en Afrique.

Maureen Achieng, Chef de mission de l’Organisation internationale pour les migrations en Éthiopie, auteur du Rapport, s’est entretenue avec  les médias locaux .

“Dans le cas de l’Afrique, le faux récit est que tous les Africains essaient de traverser la Méditerranée vers l’Europe. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité”, a-t-elle déclaré.  « La plupart des migrations africaines se fait à l’intérieur de l’Afrique, c’est-à-dire des Africains qui migrent à travers les frontières terrestres et non les mers.

 Le danger de propulser ces faux discours est qu’alors les politiques migratoires et les programmes de migration forment cet aspect au détriment d’autres problèmes de migration sur le territoire national ou sur le continent, qui demandent autant,sinon plus d’attention ». 

Pour freiner la migration irrégulière, l’Union africaine a adopté deux textes législatifs majeurs destinés à empêcher des événements tels que la tragédie de mars, où 64 Ethiopiens ont été asphyxiés dans un camion au Mozambique en route vers l’Afrique du Sud.

Le premier texte concerne la zone de libre-échange continentale africaine, qui sera lancée en janvier et est conçue pour permettre aux marchandises de circuler librement à travers les frontières. L’autre est un protocole de libre circulation qui, une fois pleinement mis en œuvre, éliminerait le besoin de visas pour traverser une frontière.

“L’objectif de ces deux décisions clés de l’UA est de pousser l’Afrique vers l’intégration continentale à la fois par la circulation des marchandises mais également par la libre circulation des personnes”, a déclaré Achieng. «À l’heure actuelle, la plupart des Africains a encore besoin d’un visa pour se rendre dans un autre pays africain».  

Selon le Rapport, les initiatives de migration sur le continent «ne sont pas encore véritablement motivées par les aspirations africaines» et se concentrent plutôt sur les préoccupations des pays donateurs, telle que la sécurisation des frontières au Sahel.

Le Rapport indique qu’il est absolument nécessaire de partager de meilleures informations et données sur les migrations entre les pays d’Afrique et d’Europe afin que les politiques puissent être mieux ciblées et devenir plus pertinentes. 

D’après Sabelo Mbokazi, Chef du département du Travail, de l’emploi, de la migration et des affaires sociales de l’Union africaine, « les décideurs en matière de migration seraient mieux servis pour s’attaquer aux causes profondes de la migration telles que le chômage.  

Très peu de migrants qui partent veulent aller en Amérique ou en Europe», a-t-il déclaré dans les médias via une application de messagerie. “Il y en a très peu par rapport à … la migration qui se produit à l’intérieur du continent. Nous pensons que cela devrait être l’objectif dans le développement de l’Afrique.” 

Bien que le Rapport indique qu’il y a une pénurie d’informations sur la migration irrégulière, il indique également que les chiffres disponibles montrent que la majorité de la migration vers l’Europe a été légale et régulière. Entre 2011 et 2017, par exemple, les entrées régulières dans l’UE en provenance de pays d’Afrique du Nord et de l’Ouest étaient plus nombreuses que les entrées irrégulières par voie maritime en Italie.