Il est devenu clair que les nouvelles technologies jouent un rôle central dans l’émergence des économies africaines.
Elles sont en effet une rupture avec les technologies du passé, et n’obligent pas les pays africains à rattraper leur retard, mais les autorisent à passer directement aux outils d’aujourd’hui.

“Leapfrog” et “advantage of backwardness”

Ceux-là mêmes qui sont adoptés en ce moment dans les pays développés. C’est ce qu’on a coutume d’appeler le « leapfrog » ou saut de grenouille.
De plus, les innovations ayant eu le temps d’être testées ailleurs. Ne sont retenues et introduites sur le continent que celles qui sont des succès. C’est « the advantage of backwardness » ou l’avantage d’être à l’arrière-plan.

Marketing politique : tout est ouvert

S’il est un domaine dans lequel les nouvelles technologies sont à l’aube de révolutionner les métiers, mais qui n’a pas encore trouvé son angle en Afrique, c’est celui du marketing politique. La lente démocratisation de la vie politique africaine depuis une vingtaine d’années n’a pas été accompagnée en Afrique par le développement des instituts d’analyse d’opinion qui sont un des outils de l’action politique dans les pays développés.

Or le marketing politique est à la veille d’une mutation profonde sous l’impulsion des réseaux sociaux et des techniques d’analyses des données. L’institut de sondage traditionnel n’a plus sa raison d’être, une connaissance bien plus précise de l’opinion pouvant être acquise par l’analyse sémantique et quantifiée des données recueillies sur les réseaux sociaux, tels que Facebook, Twitter, Linkedin, etc.

Ruée vers le web et les technologies

Après avoir surmonté leur réticence initiale, les Africains se ruent désormais sur les blogs, webcasts, podcasts et autres réseaux sociaux qui encouragent la communication et la collaboration entre des individus, le monde des affaires et les organisations – gouvernementales ou non. L’usage du smartphone s’est généralisé dans presque toutes les couches de la société des villes africaines. La masse de données disponibles s’en retrouve importante et représentative.

S’ajoutent à ces données, des outils de sondages en ligne, gratuits pour la plupart, tels que Surveymonkey.com qui sont facilement utilisables par les décideurs politiques pour connaître la position et la perception de l’opinion publique sur un sujet de la vie publique ou sur une décision.

Prendre en compte la rupture et appréhender les techniques

C’est donc une rupture majeure dans la vie politique et démocratique des pays africains à laquelle il faut s’attendre dans les deux ou trois ans qui viennent.
En effet, en Afrique ces nouveaux outils ne viennent pas remplacer comme dans les pays les plus développés des instituts de sondages bien établis, mais permettent de répondre à un besoin qui n’était pas – ou très mal – couvert auparavant.

Les conséquences ne se limiteront pas aux seules élections. Les gouvernants, s’ils prennent conscience de tout le bénéfice qu’ils peuvent retirer de ces techniques, disposeront pour la première fois d’outils pour orienter les décisions politiques et économiques et pour mesurer de façon précise la façon dont elles sont perçues par les opinions publiques.

S. P.