Les élections législatives sont fixées à la fin Mars au Mali. Ce jour, un camp de gendarmes a été attaqué et détruit, pas loin de la frontière avec la Mauritanie. Bilan provisoire : 18 morts. Les assaillants ont frappé et se sont volatilisés, dans cette zone où ils évoluent comme des poissons dans l’eau. Il en est de même dans celle dite des « trois frontières », aux intersections du Mali, du Burkina et du Niger où les agressions des terroristes sont presque quotidiennes.
Dans ce contexte les élections annoncées au Mali et celles à venir au Burkina et au Niger méritent réflexion. Les Etats concernés ont-ils les moyens pour garantir la tenue de scrutins crédibles parce que transparents, organisés dans tout le territoire de chacun des pays ? Dans des conditions de sécurité optimale ? A l’évidence, non !
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Lors de la présidentielle du 29 juillet 2018, plus de la moitié des citoyens maliens ne se sont pas rendus aux urnes. Dans les régions du Nord et du Centre où s’enracine la rébellion, de nombreux incidents ont été constatés pendant le déroulement du vote. Ceux qui ont osé aller accomplir leur devoir citoyen l’ont fait la peur au ventre. Qu’en sera-t-il lors des législatives de la fin Mars ? Une amélioration de la situation sécuritaire est-elle envisageable ? Au vu de la réalité du terrain, une réponse négative s’impose. Certes le sommet de Pau a décidé une collaboration renforcée entre Barkhane et le G5 Sahel et l’augmentation des effectifs de la « force française » de 220 soldats. Avec une seconde augmentation dont les chiffres ne sont pas détaillés.
Malheureusement, le total des forces anti-terroristes Barkhane (4720 hommes), les 10 000 du G5 Sahel et les 12 000 de la MINUSMA (qui ne sont pas engagés dans les combats offensifs) est très insuffisant pour couvrir plus de 5 millions de kilomètres carrés de désert ? Ce n’est pas une goutte d’eau, mais cela gêne très peu les terroristes qui opèrent, maintenant, quotidiennement en attaquant successivement le Mali, le Burkina et le Niger.
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Le Tchad est parfois ciblé, tout comme le Cameroun et le Nigéria. Curieusement la Mauritanie, jamais !
La vérité est que, pour porter des coups décisifs aux terroristes, il faut que la MINUSMA soit renforcée en hommes et matériels et qu’elle soit autorisée à participer aux combats offensifs, partout. Il faudrait que l’appui américain, avec les drones basés au Niger, soit systématique et non homéopathique, comme c’est le cas, en ce moment. Pire Washington songe à se retirer !
La France n’a pas les moyens de porter, toute seule le fardeau, clarification ou pas. Cela commence, du reste à coûter cher et cette question pourrait être soulevée lors des élections françaises. Pourtant le monde entier a intérêt à soutenir les pays du Sahel, pour éviter la création d’un nouvel Etat islamique au cœur de l’Afrique, après les défaites subies par les terroristes en Syrie et en Irak.
Les faiblesses structurelles des Etats du Sahel favorisent les entreprises criminelles multidimensionnelles des terroristes : trafic de drogue et d’êtres humains, d’armes, de minerais etc.
Cette immense zone de plus de 5 millions de kilomètres carrés est déjà un no man ‘land où règne le far west. Il attire tous les hors -la -loi de la planète qui cherchent à y faire fructifier leurs activités illicites et criminelles. C’est bien un enjeu sécuritaire mondial.
Le sort du Mali, du Burkina et du Niger, Etats les plus menacés doit réveiller les pays occidentaux de leur sommeil dogmatique. Le terrorisme jihadiste est aussi un virus mortel qui mérite une mobilisation d’urgence de la communauté internationale.