Le projet de la Grande Muraille verte d’Afrique, qui vise à restaurer les paysages dégradés et à stimuler les économies à travers le continent, se heurte à un manque de liquidités et a peu de chances d’atteindre l’objectif de 2030, selon le président du sommet de l’ONU sur la désertification de 2002 qui s’est tenu en Côte d’Ivoire et qui a eu accès à l’analyse de l’avancement du projet, Alain Richard Donwahi.

Lancé en 2007, ce projet visant à restaurer 100 millions d’hectares de terres et à constituer un corridor de 8.000 kilomètres de long, de l’Atlantique à la mer Rouge, n’est achevé qu’à 30 %, indique M. Donwahi qui est cité par l’agence Reuters.

« C’est un euphémisme pour dire que nous ne sommes pas en phase avec notre objectif commun d’achever le projet d’ici 2030 », a affirmé M. Donwahi avant la Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse qui se tiendra à Bonn le 17 juin et au cours de laquelle il cherchera à renouveler le soutien à ce projet emblématique.  « Le projet est confronté à des défis considérables, principalement en termes de financement et de mise en œuvre », a-t-il ajouté, lui qui préside le sommet de l’ONU sur la désertification jusqu’au prochain sommet qui se tiendra à Riyad, en Arabie saoudite, en décembre. En l’absence d’une stratégie de suivi centralisée, la coordination des travaux dans les 11 pays africains concernés s’est avérée particulièrement difficile, a expliqué M. Donwahi.

 

Selon un examen des progrès réalisés en 2020 par la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULD), qui a fourni des rapports de mise en œuvre occasionnels, le projet aurait besoin d’au moins 33 milliards de dollars supplémentaires pour atteindre son objectif de 2030. Les donateurs internationaux ont promis quelque 19 milliards de dollars lors d’un sommet en 2021, mais en mars de l’année dernière, seuls 2,5 milliards de dollars avaient été versés, le reste devant l’être d’ici la fin de l’année 2025, selon la dernière mise à jour du financement de la CNULD.

Ces fonds promis sont également répartis entre différents projets qui peuvent être consacrés au développement international, mais pas nécessairement à la Grande Muraille verte, a fait remarquer M. Donwahi.

La difficulté à suivre l’évolution du financement jusqu’à présent a été un obstacle majeur, a-t-il poursuivi, se félicitant du lancement en juin d’un « observatoire » chargé de suivre le financement et les progrès réalisés. Malgré cela, il est difficile de savoir où le projet trouvera les milliards restants nécessaires pour se remettre sur les rails. D’après le responsable onusien, il faudrait davantage d’investissements de la part des donateurs internationaux, du secteur privé et des pays de la muraille verte eux-mêmes.