L’offensive du M23, appuyée par Kigali, met en péril la stabilité régionale et exacerbe la crise humanitaire.
L’escalade de la violence dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) a franchi un nouveau seuil d’inquiétude. Dans une déclaration publiée ce week-end, les ministres des Affaires étrangères du G7 ont fermement condamné l’offensive du groupe armé M23, ouvertement soutenu par le Rwanda, et la prise de plusieurs localités stratégiques, dont Minova, Saké et Goma. Un nouveau coup de force qui met en lumière la responsabilité directe de Kigali dans l’instabilité persistante de la région.
Une ingérence rwandaise de plus en plus évidente
Le soutien du Rwanda aux rebelles du M23 n’est plus un secret pour personne. Depuis le début de l’année, cette milice, composée en grande partie de Tutsis congolais et historiquement liée à Kigali, a mené des offensives répétées contre l’armée congolaise, s’emparant progressivement de territoires entiers. Le G7 ne laisse désormais plus place au doute et somme le Rwanda de cesser toute aide, qu’elle soit directe ou indirecte, au M23.
« Cette offensive constitue un mépris flagrant de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC », ont dénoncé les diplomates des grandes puissances occidentales. L’extension des combats vers le Sud-Kivu fait craindre un élargissement du conflit, avec des conséquences dévastatrices pour une population déjà durement éprouvée par des décennies d’instabilité.
Une catastrophe humanitaire en cours
Sur le terrain, les civils paient le prix de cette guerre par procuration. L’attaque coordonnée du M23 et des Forces de défense rwandaises (RDF) a provoqué un déplacement massif de populations vers Goma et d’autres localités. Des centaines de milliers de personnes ont été forcées de fuir leur foyer, aggravant une crise humanitaire déjà critique.
Les ministres du G7 exigent un accès immédiat et sécurisé de l’aide humanitaire aux zones affectées. Ils rappellent que le personnel humanitaire doit pouvoir travailler en toute sécurité et appellent à une protection renforcée des civils pris au piège des combats.
Des négociations au point mort face à l’intransigeance du M23
Face à cette situation alarmante, le G7 exhorte toutes les parties à revenir à la table des négociations et à honorer les engagements pris dans le cadre du processus de Luanda. Pourtant, le M23, galvanisé par son soutien rwandais, n’a montré aucun signe de repli. Au contraire, la rébellion continue son avancée, défiant ouvertement les appels à une résolution pacifique du conflit.
Dans ce contexte, la Mission de stabilisation des Nations unies en RDC (MONUSCO) et la force régionale de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SAMIDRC) peinent à contenir la menace. Le G7 réaffirme son soutien total à la MONUSCO et exige le respect de son mandat, tout en dénonçant les attaques répétées contre les soldats de la paix, dont plusieurs ont récemment perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions.
Kigali sous pression internationale
Alors que le Rwanda continue de nier toute implication, la pression diplomatique s’intensifie. Les condamnations du G7 marquent un tournant dans la reconnaissance officielle du rôle de Kigali dans la déstabilisation de la RDC. Mais au-delà des déclarations, la communauté internationale sera-t-elle prête à adopter des mesures concrètes contre le régime de Paul Kagame ?
En attendant, les populations de l’est congolais, prises au piège entre les ambitions d’un voisin encombrant et l’impuissance des forces internationales, n’ont d’autre choix que de survivre dans l’incertitude et la peur.