Pour le Nigeria et plusieurs pays de la région, c’est encore tôt pour parler d’une nouvelle monnaie

Le Nigeria et plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, notamment anglophones, ont dénoncé jeudi à Abuja la décision de remplacer le franc CFA par la nouvelle monnaie « Eco ». Ces pays affirment qu’elle n’était « pas conforme » au programme adopté récemment par l’ensemble de la région pour mettre en place une monnaie unique.

Les six pays de la Zone monétaire ouest-africaine (WAMZ) ont « noté avec préoccupation la déclaration visant à renommer unilatéralement le franc CFA en Eco d’ici à 2020 », selon un communiqué publié à l’issue de cette rencontre extraordinaire entre les différents ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales.

La WAMZ est composée du Nigeria, du Ghana, du Liberia, de la Sierra Leone, de la Gambie et de la Guinée (Conakry), qui ne fait pas partie de la zone CFA. Ces pays estiment que « cette action n’est pas conforme aux décisions » de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en vue de « l’adoption de l’Eco comme nom de la monnaie unique » de toute la région, dont l’idée est débattue depuis bientôt 30 ans.

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Les membres de la WAMZ « réitèrent l’importance pour tous les membres de la CEDEAO d’adhérer aux décisions de l’autorité des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO concernant la mise en oeuvre de la feuille de route révisée du programme de monnaie unique ».

Un sommet réunissant les chefs d’Etat de la WAMZ est prévu « bientôt » pour décider de la conduite à venir, précise le communiqué final, relayé par l’AFP.

Huit pays francophones d’Afrique de l’Ouest, qui utilisent le franc CFA, avaient annoncé fin décembre leur décision de remplacer leur monnaie commune par l’« Eco » et de rompre ainsi les liens très controversés avec la France, ancienne puissance coloniale, qui accueillait notamment la moitié de leurs réserves de changes en échange de la convertibilité du CFA avec l’euro.

L’annonce avait été faite par le président ivoirien Alassane Ouattara lors d’une visite à Noël de son homologue français Emmanuel Macron, dont il est le principal allié politique dans la région, au lendemain d’un sommet de la CEDEAO qui avait encouragé les efforts visant à mettre en place une monnaie unique ouest-africaine d’ici à juillet.