L’inauguration du premier « TGV » (train à grande vitesse) au Nigéria qui relie la capitale Abuja à la ville de Kaduna au nord du pays ,sur près de 200 kms, est une étape marquante en ce qui concerne le développement national de la première puissance économique continentale africaine.

Cet investissement d’environ un milliard de dollars est économiquement pertinent car, comme l’ a déclaré le président MUHAMMADU BUHARI : « cette ligne ferroviaire Abuja-Kaduna offrira une alternative dont on avait besoin entre la capitale fédérale et l’Etat de Kaduna, un corridor recelant un potentiel énorme pour les secteurs manufacturier ,agricole et le développement de la main d’œuvre. »

A l’évidence l’Afrique a besoin plus que jamais de réseaux ferroviaires denses pour faciliter la circulation des biens et des personnes, promouvoir le développement économique des régions enclavées, relier l’intérieur du continent avec les ports maritimes etc.

En Europe et en Amérique, mais aussi en Asie, le train a joué et continue de jouer un rôle fondamental dans le développement économique.

Mais alors pourquoi le FMI et la banque mondiale ont-ils imposé à nos pays le démantèlement des réseaux ferroviaires ?

Au Sénégal, par exemple, les années funestes d’ajustement structurel ont sonné le glas du transport ferroviaire. Toutes les gares régionales ont été fermées et le transport des voyageurs, à part les trains de banlieue et la ligne Dakar-Bamako, a été supprimé .Et ainsi un pan entier de l’histoire nationale a été mise entre parenthèses, figé dans un temps si proche et lointain tout à la fois. Un héritage industriel, des circuits commerciaux, des activités multiples, un patrimoine culturel et même syndical, tout cela a été sacrifié sur l’autel de l’« efficacité économique » imposée par ces messieurs du FMI.

Depuis des décennies ont passé et les économistes omniscients de Washington qui n’ont jamais permis à aucun pays de se développer n’ont toujours pas présenter leurs excuses à nos peuples à qui ils ont causé beaucoup de torts.

Aujourd’hui encore, au Sénégal les gares en ruine sont comme les vestiges d’un passé à jamais révolu. C’est une énorme injustice ,un crime économique et social dont il faudra bien un jour rechercher les vrais coupables.

En attendant il faut se féliciter de l’initiative nigérianne qui relance le secteur ferroviaire en Afrique de l’Ouest, grâce à des capitaux chinois.

L’Afrique doit chercher l’argent indispensable à son émancipation économique et sociale partout où elle pourra en sauvegardant toujours les intérêts bien compris de ses populations. Pour ce faire elle doit diversifier ses partenariats et essayer de mobiliser ses propres ressources.

Dans le secteur ferroviaire comme dans les autres le géant nigérian peut et doit assumer un leadership que lui confère son pouvoir économique et ses ressources humaines uniques en nombre et en qualité sur l’ensemble du continent.

Naguère la colonisation s’était implantée grâce aussi au « cheval de fer ».Aujourdh’ui la décolonisation et l’intégration économique doivent se poursuivre avec le développement du ferroviaire et de tous les autres moyens de communication qui favorisent les échanges économiques et les brassages entre les peuples.

 

 

Image : Chemin de fer en Afrique.