Trois jours après les insultes racistes adressées à tous les Africains sur la chaine de télévision française LCI, la pilule ne passe toujours pas au niveau de tout le continent. Au Maroc en particulier, le sujet fait toujours polémique. L’Agence de presse officielle du Maroc, MAP, a consacré un papier très critique à la question. Artistes, journalistes, et acteurs associatifs sont également montés au créneau pour dénoncer l’attitudes des personnes concernées mais également l’absence de toute réaction officielle dans l’hexagone.
« Il y a quelque temps, les politiques, les philosophes et le commun des mortels en France se sont déchirés, durant des semaines, autour du terme “féminicide” ou encore sur l’utilisation de “pain au chocolat ou chcolatine”. Quand il est question d’une offense à l’encontre de plus d’un milliard d’êtres humains, c’est silence radio, comme si les Africains étaient une race de sous-hommes, dont les états d’âme ou les sentiments ne méritent aucune considération ». Ce constat, fait par l’agence de presse officielle du Maroc et partagé par des millions d’Africains rappelle ô combien la France est définitivement loin des « principes » humanistes dont elle prétend être le porte-étendard.
Dans une dépêche publiée ce samedi, l’Agence officielle du Maroc a rappelé que depuis la diffusion de cette séquence troublante, aucune réaction officielle de quelque nature que ce soit n’a été communiquée. « Apparemment, on confond bien liberté d’expression et liberté de diffamer », souligne l’agence. « Hormis les réactions révoltées de quelques personnalités connues par leurs positions de principe sur les questions de racisme, il paraît que le mépris des Africains ne dérange pas outre mesure dans l’Hexagone », lit-on sur la même dépêche.
Loin de ce silence assourdissant en France, les propos du professeur Mira, dont le pays évacue ses malades vers l’Allemagne et manque terriblement de moyen devant la pandémie du coronavirus ne passent toujours pas pour les citoyens des pays diffamés. Simples citoyens et célébrités ont critiqué non seulement les propos insultants mais également l’attitude française dans sa globalité.
Le présentateur Hicham Mesrar a été l’un des premiers à réagir à la provocation raciale. Publiant plusieurs postes pour condamner les propos tenus sur la chaine LCI, le présentateur marocain a appelé ses fans à signaler leur page sur les réseaux sociaux pour mieux faire entendre leur voix refusant l’offense française.
Connu pour son franc parlé, le rappeur Bigg n’a pas hésité, non plus, à dire ses quatre vérités à l’auteur de ces propos racistes. Dans une vidéo, publiée sur ses pages sur les réseaux sociaux et suivie par des milliers de personnes, Don Bigg, de son vrai nom Taoufik Hazib, a également appelé à signaler la page de LCI qui n’a toujours pas réagi aux propos tenus sur son antenne.
De son coté, le neurochirurgien marocain, Dr.Aziz alaoui El Mostapha a affirmé, quant à lui que « l’Afrique cobaye » n’est pas en grande partie innocente ni l’idée d’un farfelu raciste criminel digne de la guillotine en plein centre-ville devant les gares. « Il s’agit de l’arrière pensée de grands laboratoires soutenus par des politicards véreux aussi bien occidentaux qu’africains corrompus comme par le passé et passés inaperçu sous d’innombrables formes et missions douteuses ». Par conséquent méfiance et vérifications par nos scientifiques honnêtes et compétents quitte à les débusquer dans de grands centres occidentaux, a t il souligné.
Le réseau des femmes journalistes d’Afrique, Les Panafricaines, n’a pas tardé à réagir également. Rappelant le manque de moyens flagrant dans lequel se trouvent les hopitaux français depuis le début de cette situation d’urgence sanitaire, les panafricaine ont affirmé que « l’Afrique et ses populations n’ont pas de leçon à recevoir d’individus de la sorte » en soulignant que quelles que soient leurs difficultés, les « Africains les abordent dans la dignité et puisent leurs forces dans leurs convictions ». Quant à nos faiblesses, toutes nos faiblesses, soulignent les panafricaines, « elles sont le fruit de politiques perpétuées par des pays occidentaux qui continuent de doper leur taux de croissance sur les richesses de l’Afrique ».
Au dela des condamnations, le temps est désormais à l’action. Les deux médecins vont devoir répondre de leurs actions devant la justice. Le Club des avocats du Maroc a pris les devants et a décidé de porter plainte pour « diffamation raciale » auprès du procureur de la République française contre le professeur Jean-Paul Mira, chef du service de réanimation à l’hôpital Cochin de Paris, dont l’idée d’expérimenter le vaccin sur les Africains a été soutenue par son interlocuteur Camille Locht, directeur de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).
Au delà, de l’incident qui marquera les esprits pour un long moment, les Africains, tous les africains, vont devoir réfléchir ensemble sur la nature des relations les liant au reste du monde. Il est plus que temps qu’un équilibre soit instauré et que l’Afrique, ce continent resté pendant longtemps à l’écart, joue le rôle qu’il mérite sur l’échiquier international.