Entre Malabo et Paris, rien ne va plus, suite à la condamnation définitive du vice-président Teodorin Obiang, fils du chef de l’Etat, Obiang Nguéma, dans l’affaire dite «  des biens mal- acquis ».

En effet le recours du vice-président Teodorin a été rejeté par la plus haute cour de justice de la république française, la Cour de cassation.

Ce qui rend effectif la condamnation à 3 ans, avec sursis, et la saisie des biens estimés à 150 millions d’euros, dont un immeuble de grand standing situé au 42 avenue Foch, à Paris.

Pourtant la longue bataille judiciaire qui se poursuit depuis des années, n’est pas théoriquement finie, car la Guinée-Equatoriale a la possibilité de saisir la Cour européenne des Droits de l’homme.

Cependant l’amertume des autorités de Malabo est compréhensible, car l’action de la justice française contre un homme d’Etat étranger, accusé de « faits » qui se sont déroulés  hors du territoire hexagonal, la France n’ayant subie aucun préjudice, est injustifiée et injustifiable.

D’ailleurs, l’Etat français se met dans une situation kafkaenne, maintenant qu’il doit faire appliquer une loi -qui vient d’être votée- qui oblige à rendre aux populations « spoliées » l’argent confisqué à la suite des « procès sur les biens mal acquis ».

Comment, cela sera-t-il possible dans le cas de la Guinée-Equatoriale, sans l’aval des autorités locales ?

Aucune ambassade, ONG ou autre structure étrangère ne peut venir distribuer de l’argent dans le pays, sans s’en référer à l’Etat souverain de Guinée-Equatoriale.

Si les sommes confisquées sont rendues au gouvernement, il en disposera comme il l’entend et corrigera, certainement l’injustice dont il est victime.

La justice américaine peut faire ce genre d’opération, et l’a fait avec Malabo déjà parce qu’elle accepte des règlements de contentieux à l’amiable « settlement out of court ».

Le « cas des biens mal acquis », version américaine a fini par une transaction avec saisie des fonds négociée, en contre partie de la cessation de toutes poursuites contre le vice-président Teodorin.

Ensuite, par le biais de l’USAID, l’argent a pu être réinvesti dans des programmes sociaux, en Guinée-Equatoriale, avec la bénédiction de Malabo.

La rigidité de la justice française ne permet pas de tels arrangements. Elle condamne donc Paris à une forme de surenchère qui nuit à ses intérêts politiques, diplomatiques et économiques.

C’est pourquoi le torchon brûle, en ce moment entre Malabo et Paris, avec l’arrestation de 6 militaires français à l’aéroport de Bata (la deuxième ville du pays), où leur hélicoptère a fait un atterrissage forcé, faute de carburant.

Cette version française est rejetée par la Guinée-Equatoriale qui met en exergue la « violation de son espace aérien par un hélicoptère sans autorisation ».

L’incident va certainement être réglé assez rapidement ; mais, il témoigne de relations très tendues.

Malabo n’accepte pas l’acharnement des juges français, à juste raison.

Il y a bien deux poids et deux mesures, car comment expliquer que les oligarques russes ou les milliardaires arabes, encore au pouvoir, ne soient jamais inquiétés ?

Le président Obiang a du caractère et vient de le prouver en fermant son ambassade à Londres, à la suite de condamnations arbitraires contre son fils.

Sa patience avec la France a des limites, même si ce pays hispanophone a choisi, depuis longtemps d’intégrer la communauté francophone économiquement et politiquement.

Malabo vit la situation actuelle comme un amoureux déçu ; même si, il n’ignore pas le penchant aux bravades de certains juges cocardiers qui font semblant d’ignorer que la France n’a pas les moyens d’une politique judiciaire universelle.

Vouloir est une chose ; pouvoir en est une autre.