Le sommet double de Dar es Salam, tenu ce jour, et qui a rassemblé de nombreux chefs d’État et de gouvernement d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe, a permis la publication d’un communiqué final appelant à un cessez-le-feu.

Cet arrêt des hostilités devrait être effectif dans les cinq jours, à la suite d’une rencontre des chefs militaires des différents pays membres de la SADC et de l’AEC.

Dans leur communiqué, les participants ont réaffirmé l’impératif d’un respect scrupuleux de l’intégrité de l’ensemble du territoire de la RD Congo.

Cet engagement est déjà une victoire diplomatique majeure pour Kinshasa, même si le président Félix Tshisekedi avait opté pour une participation par visioconférence.

Il faut donc se réjouir de l’unanimité dégagée à Dar es Salam, qui démontre une volonté louable de mettre fin à cette « nouvelle guerre » qui porte les germes d’un conflit généralisé et réveillerait les volcans sociaux, sanitaires et autres, qui ne cessent de ravager ces contrées dont la stabilité est un défi permanent.

Pourvu que le M23 soit sensibilisé par son allié rwandais qui, en la personne de Kagame, a participé au double sommet et s’est associé au communiqué final.

Ces cinq prochains jours seront un moment critique qui permettra de constater les comportements des uns et des autres.

Le M23 va-t-il respecter le cessez-le-feu ? Si oui, à partir de quand ?

S’il acceptait la réouverture de l’aéroport de Goma et l’acheminement de l’aide alimentaire et médicale, ce serait un premier pas qui autoriserait tous les espoirs.

En effet, la situation humanitaire dans la zone est très préoccupante, avec un nombre de morts évalué par l’ONU à 3 000 personnes.

Les personnes déplacées se comptent par centaines de milliers et leur situation, dans tous les domaines, est catastrophique et ne cesse de se détériorer.

Le double sommet de Dar es Salam a tardé à être « concrétisé », mais mieux vaut tard que jamais.

La mise en branle de la machine diplomatique régionale et internationale commence à favoriser une véritable prise de conscience salutaire.

La zone des Grands Lacs a un urgent besoin de paix et de concorde, et les sommets conjoints de la SADC et de l’AEC sont une première que tout le continent africain doit magnifier.

Les responsables politiques de premier plan de l’ensemble de cette région ont un rôle historique à jouer. La jeunesse africaine les observe et les jugera à leurs actes.

Sont-ils animés d’une réelle volonté de libérer l’Afrique du joug post-colonial pour la propulser sur le chemin d’un développement authentique, prenant en charge les besoins urgents et fondamentaux des populations ? Ou ne sont-ils intéressés que par leur propre confort ?

Sont-ils d’authentiques patriotes lucides ou de petites personnes sans ambition pour leur peuple ?

Ce qui se joue en Afrique centrale, au cœur du continent, où sont accumulées des richesses qui défient l’imagination, concerne chaque habitant du continent.

Car cette zone bénie, bien exploitée et bien gérée, deviendrait un poumon économique extraordinaire pour booster l’émancipation générale du continent.

Le double sommet SADC et AEC montre la voie diplomatique, la bonne, pour résoudre les conflits régionaux qui ont des ramifications continentales et mondiales.

Le message lancé aux « forces étrangères » de quitter la région orientale de la RD Congo vise bien les troupes rwandaises alliées au M23.

Mais aussi les mercenaires et autres forces soutenant Kinshasa.

L’art diplomatique a permis d’interpeller les co-belligérants de manière subtile et, espérons-le, efficace.

Il faut cependant attendre les modalités de mise en œuvre du cessez-le-feu pour voir si la sincérité des acteurs est véritable.