Les 5 pays membres du G5 Sahel ont de l’ambition à revendre pour participer militairement à la lutte antiterroriste dans leur région. La volonté est noble et témoigne d’une prise de conscience salutaire de l’hypothèque sanglant que constitue le terrorisme pour chacun d’entre eux qui se trouvent sur la ligne de front et qui subissent des attaques meurtrières de plus en plus fréquemment.

Mais ces pays que sont la Mauritanie, le Tchad, le Niger, le Burkina et le Mali sont parmi les plus pauvres du monde et le Niger est classé pays le plus pauvre de la planète. À l’évidence donc ils n’ont pas les moyens de faire face et ce d’autant qu’ils s’étendent sur de vastes zones désertiques qu’ils n’ont pas les moyens de contrôler.

Pour eux l’équation est insoluble et les terroristes s’en donnent à joie pour répandre la haine et la violence. Leur initiative de fonder le G5 Sahel est excellente car ils vont pouvoir mutualiser leurs moyens qui sont faibles et grâce à l’aide internationale constituer une force d’appoint à celles déjà sur le terrain comme Barkhane et la MINUSMA.

Mais l’aide espérée n’est pas encore au rendez-vous. L’ONU a donné sa bénédiction verbale tout simplement. Les USA de Trump du bout des lèvres sans annoncer un quelconque soutien que ce soit.

Seule l’union européenne a promis 50 millions d’euros et la France 8 millions d’euros et du matériel. Les 5 pays concernés se sont engagés à contribuer chacun 10 millions d’euros. Le budget est estimé à plus de 400 millions d’euros. On est donc loin du compte et nul ne sait où chercher le reste. Certes des pays de l’UE comme l’Allemagne vont mettre la main à la poche, peut-être des pays arabes etc.

La France encourage l’initiative mais n’a pas les moyens de financer Barkhane et de donner des fonds conséquents au G5 Sahel. Elle pousse les membres à agir. Oui mais comment ? La contribution annoncée de 10 millions d’euros est-elle à la portée de chacun des pays ? Il est permis d’en douter.

La Mauritanie est déjà assez réticente et l’a fait savoir. Le président Aziz ne fait pas confiance à son homologue du Mali qui est laxiste selon lui. D’autres pays trouvent suspecte l’attitude de Nouakchott qui est curieusement épargnée par les attaques terroristes.

Les tensions au sein du G5 Sahel sont réelles et minent la cohésion du groupe. Si volonté il y a ; elle est bridée par le manque de moyens et de solidarité. Les différents Etats ont des objectifs contradictoires tout en faisant face à des situations politiques et sociales complexes. La chape de plomb de la pauvreté est une gangrène qui rend les gouvernements incapables de remplir leurs missions régaliennes. L’étendue des territoires complique davantage leur tâche. Le G5 Sahel est un casse-tête chinois. Il n’est pas viable.

Ou alors les Occidentaux prennent les choses en main en mettant les moyens financiers nécessaires. Et c’est dans leur intérêt pour éviter les flots de migrants et les incursions terroristes. Ces deux phénomènes ne sont pas liés ; mais les terroristes saisissent toutes les opportunités pour frapper des coups mortels. L’Occident est leur cible privilégiée et tout le monde le sait. Aider les pays du Sahel est une urgence dans la guerre mondiale contre les islamises qui constitue une menace planétaire. Les laisser devenir des sanctuaires de la terreur est une tragique erreur politique.