Attirer les entreprises plutôt que l’aide au développement : à Davos, l’Afrique s’efforce de changer son image pour mobiliser davantage d’investissements privés, avec déjà un nouveau fonds d’un milliard d’euros pour ses startups.
« Il y a une histoire de défis et de risques » liés à un investissement en Afrique, a reconnu Marie-Laure Akin-Olugbade, vice-présidente de la Banque africaine de développement. « Mais il y a aussi l’histoire formidable d’une opportunité d’investissement géniale » que le continent « doit raconter ».
« Dire ce que le continent a à offrir est déjà un très bon moyen pour faire venir le secteur privé », a-t-elle affirmé à Davos, où s’achève vendredi la réunion annuelle du Forum économique mondial.
Fini les multiples panels sur l’aide au développement. Les décideurs africains ont surtout débattu cette année de libre-échange, d’investissement, d’innovation et de transition énergétique. « Nous pouvons vraiment profiter de la révolution numérique », a par exemple remarqué Kashim Shettima, vice-président du Nigeria, lors d’une discussion consacrée au projet d’une zone de libre-échange africaine (AfCFTA), qui rassemble 47 pays et au total 1,4 milliard de personnes.
A Davos, « je pense que le monde commence à comprendre l’importance du rôle que l’Afrique jouera dans les dix, vingt prochaines années », a assuré à l’AFP le président de la Banque mondiale, Ajay Banga.
« Les choses changent. Cela fait une décennie qu’elles changent, dans la musique, dans l’art… Pourquoi le monde des affaires ne changerait pas aussi? », a lancé, dans un entretien à l’AFP, la chanteuse franco-béninoise Angélique Kidjo. « Pour longtemps, les intérêts des pays riches et occidentaux sont passés avant les nôtres ! ».
L’Afrique émerge de plus en plus comme destination d’investissement », assure Achim Steiner, le patron du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), interrogé par l’AFP.
Le PNUD a présenté à Davos une initiative baptisée « timbuktoo » visant, en dix ans, à investir un milliard d’euros de capitaux publics et privés dans de jeunes pousses innovantes partout sur le continent. L’Afrique ne représente aujourd’hui que 0,2% des jeunes entreprises dans le monde en termes de valeur.
La quasi-totalité du capital-risque injecté dans les start-up du continent provient de l’étranger et revient à 83% à seulement quatre pays: Nigeria, Kenya, Afrique du Sud et Egypte, selon l’ONU. « Tellement d’idées meurent rapidement, tout simplement parce qu’il n’y a personne pour parier dessus », a noté M. Steiner.
« Les jeunes pousses africaines manquent de capital pour être compétitives sur la scène mondiale », a aussi déploré le président rwandais, Paul Kagame, au lancement de « timbuktoo ». Il a annoncé une contribution de trois millions d’euros au fonds. Au-delà du financement, le projet prévoit aussi d’ouvrir huit centres d’innovation en Afrique et une présence dans plusieurs universités.