La diaspora africaine a besoin d’une action urgente pour réduire le coût des envois de fonds, une source instrumentale d’investissement et un facteur clé dans la réduction de la pauvreté sur le continent, ont déclaré les participants au Forum de Rabat sur la réduction des coûts de transferts de fonds de la Diaspora africaine.

Coprésidé par le Maroc et le Togo, le Forum, qui s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de l’agenda 2021-2031 sur “les racines africaines et la diaspora africaine”, visait à mener une réflexion d’ensemble sur les leviers et mesures à même de soutenir la dynamique des flux de transferts de fonds de la diaspora africaine tout en accélérant les efforts de réduction des coûts y associés, pour s’aligner sur les Objectifs de développement durable de 2030 (ODD) et l’objectif 20 du Pacte Mondial pour des Migrations sûres, ordonnées et régulières (rendre les envois de fonds plus rapides, plus sûrs et moins coûteux et favoriser l’inclusion financière des migrants).

Ouvrant les travaux du Forum, le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, a affirmé que quelque 150 millions d’Africains vivent hors du continent avec des envois de fonds estimés à 100 milliards de dollars rien qu’en 2021, mais le coût du transfert de 200 dollars vers le continent pourrait coûter 16 dollars en moyenne. Le coût des envois de fonds est estimé à 8% pour les Africains. Cela « est très coûteux et non conforme aux objectifs de l’ONU tels qu’exprimés dans les 10 objectifs de développement durable qui visent 3 % d’ici 2030 », a-t-il déclaré. Le coût plus élevé des envois de fonds pourrait avoir un impact négatif sur les économies africaines et encourager le secteur informel, a-t-il déclaré.

S’exprimant lors du même événement, le gouverneur de la banque centrale marocaine a souligné la centralité des envois de fonds pour l’économie marocaine et la résilience des transferts pendant la pandémie. Les envois de fonds des Marocains à l’étranger ont augmenté de 37% en 2021 et de 13% en 2022 pour représenter 8% du PIB du Maroc, a-t-il déclaré. Ces transferts représentaient 20% des dépôts dans les banques marocaines dont les filiales en Europe font face à un contrecoup qui devrait être combattu par une action diplomatique, a déclaré Jouahri.

A cet égard, Jouahri a mis en garde contre une législation imminente des institutions de l’UE visant à interdire aux succursales de banques étrangères d’effectuer des opérations directes dans leur pays d’origine à partir du territoire européen. Une telle mesure entraverait les opérations des banques marocaines au service de la diaspora marocaine en Europe dans le plein respect de la législation européenne et en toute transparence, a déclaré Jouahri.

De son coté, le ministre des Affaires étrangères du Togo, Robert Dussey, a salué la contribution “essentielle et importante” du Maroc à la mise en œuvre du contenu de l’agenda de la “décennie des racines africaines et des diasporas africaines 2021-2031”. Le haut responsable a indiqué que le “Maroc a fourni des efforts essentiels et importants afin de mettre en œuvre l’agenda 2021-2031” et a également joué un rôle important dans toutes les activités liées à la diaspora africaine.

 

Cette rencontre intervient dans un contexte international caractérisé par de multiples incertitudes et défis, a relevé le chef de la diplomatie togolaise, notant que “ce forum constitue une occasion privilégiée pour renforcer les cadres de dialogue en ce qui concerne les actions à mener” pour réduire les coûts de transferts de fonds de la diaspora. Il a également souligné la nécessité de soumettre des propositions concrètes à l’issue du Forum, en mettant notamment l’accent sur des solutions technologiques innovantes qui contribueraient à réduire les coûts et à encourager les immigrés à investir dans les économies des pays d’origine. Le ministre a par ailleurs annoncé l’intention du Togo d’organiser en 2024 un congrès panafricain traitant des divers aspects économiques et politiques des diasporas africaines.

Afin de parvenir à des solutions pratiques, les sessions de cet évènement se sont focalisées sur la proposition de nouveaux modèles/canaux innovants, digitaux et inclusifs et la mise en place d’infrastructures adéquates et de cadres réglementaires favorables, ainsi que la mise en place d’une cartographie au sein de la diaspora africaine dans le monde, y compris dans les compétences, de manière à optimiser et renforcer son implication dans le développement socio-économique de leurs pays d’origine.

Les participants se sont également attelés à l’étude de la création d’une plateforme e-business qui permettra de mettre en lien la diaspora africaine avec les investisseurs/porteurs de projets et créer un effet d’émulation en capitalisant sur les succès stories des migrants africains. L’objectif est de canaliser les flux financiers des diasporas vers l’économie formelle et faire appel à l’expertise des ressortissants africains pour élaborer des modèles d’implication financière innovants.