Moins touché que les autres continents par le Covid-19, l’Afrique se lance dans une course aux vaccins semée d’obstacles financiers, logistiques et culturels.
Le continent a pour objectif de vacciner « 3% des Africains d’ici mars 2021 et 20% d’ici la fin de l’année prochaine », a déclaré le 26 novembre la directrice régionale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Matshidiso Moeti, basée à Brazzaville, cité par l’AFP.
Sur le continent, le coût du déploiement du vaccin auprès des « populations prioritaires » est estimée à 5,7 milliards de dollars, avec « des coûts supplémentaires de 15 % à 20 % pour le matériel d’injection et la livraison des vaccins », selon l’OMS.
Sur les 47 pays de la région Afrique de l’OMS, « seulement près du quart disposent de plans adéquats pour les ressources et le financement », regrette l’agence onusienne. L’OMS a demandé aux gouvernements d’« intensifier leur préparation à la vaccination contre la Covid-19 ».
Le financement, principal enjeu
Pour le financement, les pays africains, à revenus faibles ou intermédiaires, doivent bénéficier du soutien du « Covax », une alliance internationale emmenée par l’OMS qui négocie avec les laboratoires un accès équitable aux vaccins.
L’Afrique a relativement été épargnée par la Covid-19, avec 52.000 décès officiellement, pour 2,2 millions de cas recensés (sur une population d’environ 1,25 milliard d’habitants). Pays le plus touché du continent (près de 800.000 cas pour plus de 21.000 décès), l’Afrique du Sud espère obtenir ses premières doses d’ici mi-2021.
Trois essais sont actuellement en cours en Afrique du Sud, dont celui d’AstraZeneca/Université d’Oxford. Comme l’Afrique du Sud, le Kenya participe également aux essais du laboratoire AstraZeneca, en restant ouvert « à d’autres opportunités de collaborations ».
Le Maroc (près de 360.000 cas, 5.915 décès) a opté pour AstraZeneca et le chinois Sinopharm, en espérant lancer une campagne dès la fin de l’année. Au Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique (environ 200 millions d’habitants, plus de 67.500 cas pour quelque 1.173 morts officiellement enregistrés), « nous sommes en contact avec tous les pays et les entreprises qui ont développé le vaccin, y compris les États-Unis, la Chine et Pfizer », a déclaré mardi à l’AFP le chef de l’autorité sanitaire NPHCDA, Dr. Shuaib Faisal.
Outre le défi logistique (la chaîne du froid), l’Afrique devra faire face à des résistances culturelles. Des méfiances aggravées par des propos unanimement condamnés d’un médecin français au début de l’épidémie en mars, qui invitait à tester les vaccins en Afrique « où il n’y a pas de masques, pas de traitement, pas de réanimation ».