Près d’un mois et demi après l’arrestation de deux gendarmes ivoiriens entrés accidentellement en territoire burkinabé, Ouagadougou et Abidjan auraient selon Jeune Afrique démarré de discrètes négociations sur la frontière qui sépare les deux pays.

La frontière qui sépare la Côte d’Ivoire du Burkina Faso s’étend sur plus de 600 kilomètres, alternant entre terres arides, larges cours d’eau et forêts denses. Une démarcation a bien été tracée, après la décolonisation, pour délimiter ces nouveaux territoires dans ce qui était auparavant l’Afrique occidentale française, mais dans les faits, cette frontière, comme beaucoup d’autres en Afrique, reste très poreuse.

Il n’est donc pas rare que des agents la traversent accidentellement d’un côté comme de l’autre. En mars 2023 déjà, quatre policiers ivoiriens avaient été arrêtés au Burkina Faso près de l’axe Doropo-Kalamon, dans le Nord-est du pays, avant d’être relâchés quelques heures plus tard.

“Ce sont des situations qui ne sont pas nouvelles” explique Amadou Coulibaly, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement ivoirien. “Il est arrivé que nous prenions sur le territoire ivoirien des éléments des forces de l’ordre de nos voisins, tout comme il arrive que certains de nos éléments se retrouvent dans certains pays voisins”.

Alors pourquoi l’incursion, a priori accidentelle, de deux policiers ivoiriens en territoire burkinabé, le 19 septembre dernier, s’est-elle soldée par une arrestation et un transfert vers Ouagadougou ? Selon les gouvernements des deux pays, “des discussions sont en cours” pour obtenir la libération des deux hommes, retenus à Ouagadougou depuis bientôt un mois et demi.

Des discussions qui se déroulent en parallèle d’un discret dialogue sur la gestion des frontières entre le président ivoirien Alassane Ouattara et le capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition au Burkina Faso – et dans ce dialogue, les deux policiers ivoiriens pourraient bien devenir une monnaie d’échange.

Car si ce genre d’incident n’est pas nouveau, le refroidissement considérable des relations entre les deux pays est, lui, plutôt récent. Les liens s’étaient déjà distendus avec le coup d’État du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) en janvier 2022, puis encore un peu plus lors du coup d’Etat mené par les troupes d’Ibrahim Traoré, neuf mois plus tard.