Le thème du 28 ème sommet de l’UA(union africaine) est : « tirer pleinement parti du dividende démographique en investissant dans la jeunesse ». Il pose la question majeure à laquelle l’Afrique doit faire face. Le continent va compter 2 milliards d’habitants en 2050 et il sera le plus jeune de la planète.

C’est un atout formidable pour l’Afrique qui, pour la première fois de son histoire(depuis le 15 ème siècle)est en position favorable à la fois sur les plans économique et démographique. Les saignées et pillages de l’esclavage et de la colonisation n’ont pas empêché le continent de renouer avec son histoire fabuleuse qui de l’Egypte antique, berceau de la civilisation humaine aux grands empires et à le renaissance actuelle et de rester debout.

L’UA qui a remplacé l’OUA(organisation de l’unité africaine créée en 1962) en 2002 est bien le symbole de ce continent martyr et plein d’espoir tout à la fois.

Au vu donc de tous ces enjeux, tous ses fils devraient se rassembler pour relever les défis du 21 ème siècle. Et non s’entredéchirer de manière absurde.

C’est dans cette optique qu’il faut considérer le retour du Maroc au sein de l’organisation continentale après un retrait de plus de 3 décennies.

Le roi du Maroc Mohammed VI a bien compris que son pays a intérêt à prendre toute sa place dans l’UA et jouer le rôle majeur que son poids économique, politique et diplomatique lui permet de faire. Le Maroc est un atout pour le continent où il investit massivement dans de nombreux domaines.

L’UA va donc accueillir le royaume chérifien à bras ouverts car 40 Etats sur les 54 que compte l’organisation ont déjà pris position dans ce sens. En vérité la réintégration du Maroc devrait susciter l’unanimité. L’Algérie qui joue les trouble-fête mène un combat d’arrière garde absurde. Comme le fut d’avoir manœuvrer pour imposer la RASD à l’OUA.

Si Alger était conséquent il aurait agi de même au niveau de la Ligue arabe, de l’union du Maghreb arabe(UMA) voire de l’ONU. Mais il ne le peut pas car la RASD n’est pas un Etat.

Au niveau de l’OUA de l’époque, Alger a exploité les faiblesses de l’organisation et la naïveté des pays d’Afrique australe encore sous le joug de l’Apartheid et alors très sensibles aux questions d’autodétermination.

Le cas du Sahara occidental n’a jamais été un problème de même nature dès lors que les colonialistes espagnols l’avaient quitté. Et que le Maroc a recouvré sa souveraineté sur ses provinces du Sud.

Aujourd’hui ce débat est dépassé après 40 ans d’intégration économique et de boom démographique.

L’UA a pour objectif d’unir les Etats du continent non de les diviser. Si les séparations de l’Erythrée et de l’Ethiopie et du Sud-Soudan avec le Soudan ont été actées; c’est bien parce qu’il y avait des conditions spécifiques qui l’exigeaient.

Dans le cas du Sahara Occidental c’est le contraire qui a prévalu : un pays amputé d’une de ses régions a retrouvé l’intégralité de son territoire. Il faut s’en féliciter et magnifier l’action du roi Hassan II avec « la marche verte » historique qui a scellé la réunification marocaine en 1975.

Le retour du Maroc ne devrait pas être l’occasion pour l’Algérie de polluer le débat politique à Addis Abéba.

Le choix du prochain président de la commission de l’UA sera un moment très important. Si les 5 qui se présentent ont des compétences respectables; il y a 3 qui se détachent à savoir les candidats du Tchad, du Kenya et du Sénégal. Objectivement le professeur Abdoulaye Bathily, ex-leader étudiant panafricaniste, ex-ministre et ex-représentant du secrétaire général de l’ONU en Afrique centrale a l’expérience la plus remarquable. Il s’y ajoute qu’il est parfaitement bilingue(anglais /français) et qu’il est panafricaniste connu et respecté.

Maintenant si du fait que Rabat et Dakar entretiennent d’excellentes relations, Alger devrait essayer de nuire à cette candidature ce serait regrettable.

On verra bien comment les autres pays vont réagir car ce qui est fondamental est de renforcer les capacités d’initiative de l’UA. D’où l’impératif de payer les cotisations et de trouver des ressources additionnelles. L’OUA était « un syndicat des chefs d’Etat », l’UA est une institution plus libre. Elle peut mieux représenter l‘Afrique et peser sur la scène diplomatique mondiale.

Il y a urgence dans un monde où les populismes gagnent du terrain et où les menaces terroristes constituent une épée de Damoclès sur le boom économique continental africain.

L’UA peut et doit être à la hauteur des nouveaux enjeux planétaires.

Le 28 ème sommet pourrait donner le la.