Le discours du président Macron, pour rendre un hommage au professeur d’histoire/géographie Samuel Paty décapité par un intégriste tchétchène, a été très mal perçu dans les pays du Golfe et par de nombreux musulmans du monde entier.
En réaction, un mouvement d’ampleur de boycott des produits français est en cours au Qatar, au Koweït et dans d’autres pays arabes. Prenant conscience du désastre commercial et économique qui prend son envol, les autorités françaises lancent un appel pour qu’il soit mis fin à ce boycott. La liberté de parole et de caricature, bref de tout, aboutit à un paradoxe et une impasse théorique.
Macron qui a parlé durement et avec un accent autoritaire, devrait, s’il est conséquent, reconnaître le droit des musulmans qui se considèrent bafoués par les « caricatures », d’agir librement pour riposter. En organisant un boycott des produits français, par exemple. Pour rappeler que, dans un monde interdépendant « ma liberté s’arrête là où commence celle des autres ». Que liberté se conjugue avec responsabilité et respect !
Pourquoi stigmatiser les musulmans, faire des caricatures de leur prophète, un acte absurde dans la mesure qu’aucun portrait, encore moins photo du prophète n’existe (il en est de même de Jésus et de nombreux personnages historiques) et, surtout irrespectueux vis à vis de leur foi, de leur culture et de leur civilisation. La liberté absolue est une fiction. Imagine-t-on un président français ou autre défendre la liberté de « caricaturer les victimes de l’Holocauste » ?
A-t-on la liberté, en France, de faire l’éloge public de Philippe Pétain qui s’est rendu à Hitler, lui a serré la main et a organisé la traque des Juifs sous l’occupation ? Même si, par ailleurs, il a été le héros de Verdun, pendant la Première Guerre mondiale ? On ne peut ni rire de tout, ni caricaturer tout, encore moins tout désacraliser ! Individuellement, oui, mais pas au niveau de l’Etat.
Encore moins dans un État comme la France où existe encore le Concordat,e n Moselle, notamment où l’Etat finance les églises et les synagogues, rétribue les officiants. La laïcité s’en accommode et c’est très bien ! Déclarer la guerre aux terroristes, oui, à tous les terroristes ! Refuser toutes les manipulations et défendre la liberté de tous les citoyens quelle que soit leur croyance religieuse éminemment respectable.
Les athées ont le droit de l’être, les agnostiques aussi et les croyants, évidemment ! L’Etat laïc n’a pas vocation à exalter les transgressions. Il doit défendre toutes les libertés, sans exception aucune.
La liberté d’expression n’est pas un dogme, elle s’exerce dans les limites fixées par la loi républicaine qui organise aussi l’enseignement public. Un cours sur « la liberté d’expression » a toute sa place dans un cours de philo. Sa tenue dans une classe d’histo-géo est problématique
La pédagogie efficace prend en compte le respect des apprenants, de leur culture et de leur foi. En classe de philo, l’esprit critique est enseigné à tous dans le respect. Au lieu de répondre à un dogmatisme par un autre, il faut mettre en exergue la volonté de dialogue des cultures et des religions. Ne pas céder au buzz médiatiques pour essayer de braconner sur les terres sulfureuses de l’extrême-droite.
C’est contre-productif et la stigmatisation des musulmans n’effacera ni leur citoyenneté, ni leur droit de vote. La France est laïque et multiconfessionnelle et l’Islam est bien la deuxième religion de l’Hexagone. Il faut le savoir. La manipulation des foules a des limites objectives.
Il vaudrait mieux agir pour renforcer la connaissance de la religion musulmane authentique pratiquée par un milliard et demie de personnes dans le monde, chiffre qui ne cesse d’augmenter.
On ne peut pas arrêter la mer avec ses bras, il faut donc faire toute sa place à cette religion de paix et de spiritualité et aider ceux qui la pratiquent normalement c’est à dire de manière pacifique et respectueuse des autres croyances, à disposer de lieux convenables pour prier et enseigner le Coran.
L’avenir d’une France républicaine, ouverte et fraternelle passe nécessairement par ce chemin de simple lucidité.