L’opposition sénégalaise gesticule, marche, cible son frère Aliou Sall et ses affaires avec Frank Timis, le président Macky Sall reste imperturbable et avance ses pions. Il fait cap vers les législatives de 2017 et les présidentielles de 2019.

Le Haut conseil des collectivités territoriales(HCCT) vient d’être mis sur pied officiellement avec la nomination de Ousmane Tanor Dieng à sa tête. Le secrétaire général du PS (parti socialiste ) obtient ainsi le fauteuil de la troisième personnalité de l’Etat derrière le président de la république et le président de l’Assemblée nationale.

L’ordre d’arrivée de la présidentielle de 2012 est respecté, les postes logiquement partagés par les ténors de la coalition BENNO BOKK YAKAAR(union pour partager le même espoir). L’architecture a certes tardé à prendre forme car Macky Sall s’était piégé lui-même en prenant l’engagement de dissoudre le sénat. Le HCCT est un retour à la case départ, un sénat autrement baptisé.

C’est en tout cas une structure pour caser la clientèle politique et calmer certains mécontents à moins d’un an des législatives de 2017 si jamais elles se tiennent comme prévu.

Le PS de Tanor a déjà annoncé(tout de suite après sa nomination) qu’il resterait dans la coalition BBY pour les législatives de 2017. L’AFP(alliance des forces du progrès) de Moustapha Niasse, président de l’Assemblée nationale l’avait fait depuis fort longtemps et avait précisé qu’elle allait soutenir Macky Sall en 2019.

Tanor essaie de mettre les formes mais va dans la même direction. Il n’a pas le choix et n’a pas d’autre ambition après deux échecs retentissants à la présidentielle en 2007 et 2012. À chaque fois il a été battu par Niasse.

D’ailleurs il avait annoncé publiquement qu’il n’envisageait pas de se représenter à la présidentielle. L’homme est lucide car il sait qu’il est encore très impopulaire dans le pays. Ses détracteurs comme Khalifa Sall et Barthélémy Dias et autres seront éliminés froidement comme l’ont été leurs devanciers.

Le PS pour Tanor est une « assurance-vie » politique. Que le parti s’enfonce à la quatrième ou cinquième place voire pire, il n’en a cure tant qu’il reste à la tête et encaisse les dividendes de sa position privilégiée.

Khalifa Sall sera obligé d’engager un bras de fer violent ou de démissionner. Jamais Tanor ne le soutiendra car ce serait une humiliation pour lui qui n’a pas pu faire revenir le PS au sommet.

Macky Sall capitalise sur cette situation qui est du pain bénit pour lui. Le PS divisé n’est pas une menace sauf si le PDS empêché, se rallie à Khalifa Sall. Et c’est ce qui s’est passé lors du vote pour le HCCT à Dakar. Le vrai danger est là.

En attendant le président déroule son programme : consolidation de BBY, affaiblissement de l’opposition, occupation du terrain national, bref campagne politique permanente.

Il a une longueur d’avance sur les opposants qui n’ont toujours pas de leader reconnu comme tel et plébiscité.

Idrissa Seck, Abdoul Mbaye, Malick Gakou voire Khalifa Sall sont en déphasage. Aucun ne peut rassembler les autres et encore moins soulever la liesse populaire d’un bout à l’autre du pays.

Sauf si une vraie colère populaire se manifestait. C’est d’ailleurs ce qu’essaient de susciter les opposants en mettant en évidence l’affaire du pétrole de Aliou Sall et Frank Timis.

Pour le moment cela ne marche pas encore. Et Macky garde la main.