Une semaine après la démission d’Abdelaziz Bouteflika, le Parlement algérien a nommé mardi, comme prévu par la constitution, Abdelkader Bensalah président par intérim. Et ce, malgré le rejet par la rue de Bensalah, considéré comme « pur produit du régime ».
Les parlementaires de l’Assemblée populaire nationale (APN, chambre basse) et du Conseil de la Nation ont acté mardi la « vacance » à la tête de l’État et confirmé le choix de Abdelkader Bensalah pour assurer l’intérim, pendant 90 jours. Durant cette période, une élection présidentielle, à laquelle Bensalah ne pourra être candidat, doit être organisée. Rappelons que Abdelkader Bensalah a accédé à la présidence du Conseil de la nation trois ans à peine après l’arrivée d’Abdelaziz Bouteflika au pouvoir.
Les partis d’opposition, se basant sur les revendications de la rue, avaient boycotté la réunion du Parlement, refusant de valider la nomination de Bensalah, selon l’AFP.
Les Algériens qui continuent de manifester en masse pour réclamer le départ du « système » avaient clairement affiché leur refus de voir le président du Conseil de la nation (chambre haute du Parlement), âgé de 77 ans, prendre l’intérim.
Mardi, à la mi-journée, des milliers d’étudiants descendus dans la rue à Alger scandaient toujours « Dégage Bensalah ! » et « Système dégage », devant la Grande Poste, en centre-ville.
Après plus d’un mois d’une contestation massive et inédite à travers ce pays d’Afrique du Nord, le président Bouteflika a dû démissionner le 2 avril sous la pression conjuguée de la rue et de l’armée, qui a menacé de ne plus reconnaître son autorité.
Âgé de 82 ans, affaibli par un accident vasculaire cérébral depuis 2013, Bouteflika était chef de l’État depuis 20 ans. Mais son souhait de briguer un 5ème mandat lors de la présidentielle prévue en avril a provoqué de gigantesques manifestations, notamment à Alger, malgré l’interdiction des rassemblements depuis 2001.
Vendredi dernier, jour traditionnel des manifestations, les Algériens avaient de nouveau défilé en masse pour exiger que soient exclus du processus de transition les hommes-clés de l’appareil mis en place par M. Bouteflika. Outre Bensalah, deux autres responsables sont visés : le président du Conseil constitutionnel Tayeb Belaïz et le Premier ministre Noureddine Bedoui.
Même le quotidien gouvernemental El Moudjahid, traditionnel vecteur de messages du pouvoir, avait suggéré mardi d’écarter Abdelkader Bensalah de la présidence par intérim.
Mais le chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, de facto le nouvel homme fort du pays, exige que la succession de Bouteflika se fasse dans le strict respect de la Constitution.