Le gouvernement gabonais a demandé à la justice d’agir contre des opposants accusés d’être impliqués « dans des actes de déstabilisation » du pays. Le gouvernement semble viser 10 personnalités du monde politique, syndical et de la société civile, signataires fin février d’un « appel à agir ».
Le gouvernement « invite les autorités judiciaires et notamment le parquet de la République à prendre toute la mesure de la situation en engageant l’action publique contre toute personne impliquée dans des actes de déstabilisation du pays », a affirmé vendredi Lambert Noël Matha, ministre de l’Intérieur, dans une déclaration relayée par l’AFP.
Le ministre de l’Intérieur s’en prend tout particulièrement à 10 personnalités du monde politique, syndical et de la société civile, signataires fin février d’un « appel à agir » pour exiger que soit reconnue « la vacance du pouvoir », à la suite d’un accident vasculaire cérébral (AVC) dont a été victime le président Ali Bongo Ondimba le 24 octobre 2018 à Ryad.
Le 28 mars 2019, les signataires de cet appel ont saisi la justice en référé « afin que soit ordonnée une expertise médicale sur Ali Bongo » qui devra déterminer s’il peut continuer à exercer ses fonctions. Si ce n’était pas le cas, ces opposants estiment que « la vacance du pouvoir » devrait être déclarée, déclenchant, conformément à la Constitution, l’organisation d’une élection présidentielle.
Les signataires de « l’appel à agir » ont indiqué dans un communiqué que « le code de procédure pénal laisse au seul procureur de la République l’opportunité des poursuites ». Ils ont dénoncé « une escalade dans laquelle certaines personnalités de ce pouvoir veulent entraîner le Gabon qu’ils ont pris en otage depuis le 24 octobre 2018 ».
« Un groupuscule de compatriotes a lancé depuis le 28 février -un appel à agir- visant à déstabiliser les institutions au motif d’une vacance du pouvoir alors que, comme chacun a pu le constater », le président Bongo, « revenu de sa convalescence, exerce ses fonctions de manière effective comme l’exigent les devoirs de sa charge », selon le ministre de l’Intérieur.
Absent du Gabon de manière quasi ininterrompue depuis cinq mois, le président Bongo, 60 ans, est rentré définitivement à Libreville il y a une semaine et a présidé un Conseil des ministres vendredi.