Les Algériens ont à nouveau défilé en masse vendredi. Pour les manifestants, la proposition du chef d’état-major d’écarter le président Abdelaziz Bouteflika est insuffisante.
L’appel à destituer le président est la dernière tentative en date du régime de calmer plus d’un mois de contestation en Algérie. Pour ce sixième vendredi consécutif, les Algériens ont également manifesté très nombreux, parfois en famille, dans le reste du pays, selon les images diffusées à la télévision nationale et sur les réseaux sociaux.
À Alger, une foule immense, scandant notamment « le peuple veut que vous partiez tous! », a saturé les rues du centre-ville sur plusieurs kilomètres, en ce premier jour de week-end, devenu jour de manifestations massives depuis le 22 février. La mobilisation a été sensiblement similaire à celles des trois semaines précédentes, jugées exceptionnelles par les analystes et les observateurs.
Le général Gaïd Salah, personnage-clé du pouvoir, avait proposé la mise en œuvre de mécanismes constitutionnels pour écarter le chef de l’État, dont il est un fidèle indéfectible depuis que l’intéressé l’a nommé en 2004 chef d’état-major de l’armée. Il a entraîné dans son sillage nombre de figures du camp présidentiel.
Mais le général Gaïd Salah est lui-même devenu vendredi la cible directe des manifestants qui disent souhaiter le départ de l’ensemble du régime et pas seulement celui du chef de l’État, selon l’AFP.
Le président du Conseil de la Nation (chambre haute du Parlement), Abdelkader Bensalah, appelé à assurer l’intérim si le président Bouteflika quitte le pouvoir, est lui aussi devenu une tête de turc des manifestants, dont certains brandissaient son portrait souligné de l’injonction « Dégage! ».
À la tête de l’État algérien depuis 20 ans, le record de longévité depuis l’indépendance, le président de 82 ans, affaibli depuis 2013 par les séquelles d’un AVC, apparaît vendredi très isolé. La majorité de ses plus zélés partisans ont rallié la proposition de l’armée.