Le président Trump a été blanchi dans l’affaire de l’ingérence russe lors de la dernière élection présidentielle.

Le président américain Donald J.Trump peut pavoiser. Le procureur spécial, Robert Mueller n’a pas trouvé suffisamment d’éléments de preuve pour l’inculper de « collusion » avec la Russie dans l’affaire d’ingérence concernant les élections présidentielles de 2016.


En ce qui concerne les accusations d’« obstruction de la justice », Mueller a préféré laisser le ministère de la Justice trancher. Dans ce second volet de l’affaire, le procureur spécial ne « blanchit » donc pas Trump, mais ne l’accuse pas, non plus. Il laisse le flou perdurer et la porte ouverte sur les interrogations judiciaires et politiciennes.

Mais, ces nuances qui laissent encore planer le doute, n’égratignent pas Trump qui s’est empressé de crier victoire. Il est vrai que la synthèse du rapport Mueller présentée par le ministre de la Justice, Barr, est décevante pour les adversaires du président.

Trump n’a pas été pris la main dans le sac et la longue enquête du procureur spécial est comme une montagne qui a accouché d’une souris. Même si de nombreuses personnalités de l’équipe de campagne de Trump, ont été mis en examen. Michael Flynn, Paul Manafort, George Papadopoulos, Rick Gates, au total, 19 personnes, côté américain, et 13 côté russe. Avec trois entreprises russes !

On ne peut donc pas dire que Mueller a gaspillé l’argent du contribuable américain, au bout de 2 ans d’enquête. Il a quand même établi que la Russie a agi, par des actes, dans le but de manipuler la présidentielle américaine. Il s’agit donc d’une agression, d’une gravité exceptionnelle qui doit être considérée comme telle, et pousser les autorités à renforcer les mécanismes de défense de la démocratie américaine.

Car, dans cette affaire, l’enjeu principal est de garantir la fiabilité du système démocratique qui permet l’expression libre du suffrage des citoyens. Ce n’est pas étonnant qu’un pays qui ne respecte pas la liberté de vote cherche à manipuler les opérations électorales d’un pays qu’il considère comme un adversaire.

C’est cette perception de l’hostilité russe envers les USA qui semblait, étrangement absente, de la démarche politique de Trump. Et, c’est ce qui a, certainement, renforcé les soupçons à son endroit.

De ce point de vue, le fait que Mueller n’ait rien trouvé de vraiment compromettant, donne du grain à moudre à Trump qui a toujours martelé qu’il n’y avait « ni collusion, ni obstruction ». Pourtant, le débat sur l’obstruction n’est pas terminé.

Les démocrates exigent la publication de la totalité du texte du rapport Mueller. Cela n’est pas possible, parce que la loi s’y oppose. Certains éléments, concernant des « grands jurys » doivent rester confidentiels. Il faudrait espérer des fuites que des médias pourraient exploiter.

Toutefois, le ministère de la Justice pourrait rendre public certains extraits du rapport, sans transgresser les interdits de la loi. La synthèse remise aux membres du Congrès est très succincte. Elle soulève de nombreuses interrogations encore.

Si Trump n’a rien à se reprocher ; alors il devrait, lui-même, pousser à la publication de tout ce qui pourrait l’être, dans les limites de la légalité. Mais, Trump est déjà lancé dans sa campagne pour 2020.

Il vient de signer le décret reconnaissant la « souveraineté d’Israël sur le Golan ». Une provocation de plus envers l’ONU et la communauté internationale et un pied de nez à la diplomatie américaine. Et, il n’est pas sûr qu’il ait rendu un bon service à Israël.

Trump ne s’arrête pas à ces détails. C’est un éléphant dans un magasin de porcelaine. Tout ce qui l’intéresse c’est de caresser, dans le sens du poil, les ultras de sa base.