Les Algériens se réveillent samedi après avoir adressé une claire fin de non-recevoir aux initiatives du président Abdelaziz Bouteflika. Ce dernier avait décidé lundi de reporter l’élection présidentielle sine die et de proroger son quatrième mandat, tout en renonçant à en briguer un cinquième.
Vendredi à Alger, des médias et analystes algériens ont évoqué des millions de manifestants dans le pays pour ce quatrième vendredi consécutif d’une contestation nationale inédite depuis l’élection il y a 20 ans de Bouteflika. Cortèges monstres également à Oran, Constantine et Annaba, les deuxième, troisième et quatrième villes du pays.
« Le peuple rejette l’offre du pouvoir et lui dit : Dégage », titrait le journal El Watan sur son site internet dans la nuit de vendredi à samedi, voyant dans cette mobilisation une « réussite pour les millions d’Algériens sortis dans la rue, sous un soleil printanier, dans la joie et la bonne humeur pour dire au pouvoir que le peuple est toujours mobilisé et qu’il ne cédera pas sur ses revendications ».
Même les médias publics, traditionnellement proches du régime, ont rendu compte de l’exaspération des manifestants à son encontre. « Des marches imposantes à travers le territoire national revendiquant le changement et le respect de la Constitution », titrait ainsi l’agence de presse officielle APS en Une de son portail internet.
Les chaînes publiques ENTV et Canal Algérie ont diffusé des images des manifestations et fait apparaître des slogans hostiles au régime, comme « Pouvoir, dégage », inscrits sur de nombreuses pancartes et banderoles.
Jeudi devant la presse, le nouveau Premier ministre Noureddine Bédoui, qui a remplacé le très impopulaire Ahmed Ouyahia, et le vice-Premier ministre Ramtane Lamamra, diplomate chevronné, avaient tenté de convaincre du bien-fondé des initiatives du pouvoir.
Face aux manifestations réclamant depuis le 22 février qu’il renonce briguer un cinquième mandat, Abdelaziz Bouteflika avait annoncé lundi le report de l’élection présidentielle, prévue le 18 avril, jusqu’à l’issue non datée d’une Conférence nationale devant réformer le pays et élaborer une nouvelle Constitution. Cette annonce prolonge de facto son mandat, au-delà de son expiration le 28 avril, sans fondement légal selon de nombreux constitutionnalistes.