La majorité claire et nette recherchée par le parti historique, PAIGC n’a pas été au rendez-vous. Certes le PAIGC arrive nettement, en tête du scrutin avec 47 sièges, soit une progression de 5 sièges ; mais n’atteint pas la majorité simple de 52 sièges sur 102.
Et, le plus troublant, pour ceux qui espéraient la stabilité politique, c’est le nouveau parti MADEM (mouvement pour l’alternance et la démocratie), mis sur pied par des transfuges du PAIGC, qui arrive en seconde position avec 27 sièges.
Ces transfuges qui étaient au nombre de 15, réussissent un coup de maître en multipliant, presque par deux, leur groupe parlementaire. Mais leur exploit politique est réalisé aux dépens de leur ex-alliés du parti PRS qui s’est effondré, en perdant 20 députés sur 41.
Il dégringole, en même temps de son rang de deuxième formation politique du pays, au profit de MADEM. Un autre petit parti, l’APO-DDGB (l’alliance pour le peuple uni du parti démocratique de Guinée-Bissau), s’invite dans le jeu, en obtenant 5 sièges.
La dispersion des voix impose donc un Parlement sans majorité.
La Guinée-Bissau se retrouve dans la même situation qu’auparavant car, aucun parti n’ayant la majorité, le président José Maria Vaz n’est pas tenu de nommer un premier ministre issu de telle ou telle formation.
La recherche de coalitions va encore mobiliser les états-majors politiques et continuer de plonger le pays dans les « combinazionne » qui le maintiennent depuis, trois ans, dans l’instabilité politique.
Cette nouvelle situation n’est pas pour déplaire au président Vaz, en opposition frontale contre le leader du PAIGC, Domingo Simoes Pereira. En effet, si le PAIGC avait retrouvé sa majorité d’avant 2015, le président de la république serait dans l’obligation constitutionnelle de nommer premier ministre son « pire ennemi ».
Mais, même si ce parti rate le seuil fatidique, il n’en reste pas moins incontournable dans l’échiquier national. Du reste, il a encore amélioré son score. Toutefois ses dissidents du MADEM, peuvent aussi pavoiser car ils deviennent une véritable force politique nationale, certes loin derrière le PAIGC.
La dynamique du succès pourrait susciter en son sein des candidatures pour les élections présidentielles à venir. Pour la communauté internationale, la nouvelle donne ne change pas grand chose quant aux inquiétudes que les rivalités politiciennes suscitent concernant ce pays difficile.
Alors qu’on attendait résultats des législatives, un camion frigorifique rempli de 800 kilogrammes de cocaïne a été saisi par les forces de sécurité bissau-guinéennes. Il est attesté que le camion a chargé cette « marchandise » en Guinée-Bissau et qu’un ressortissant nigérien, impliqué dans ce trafic a été arrêté.
Cet événement prouve que le trafic de drogue qui avait gangréné la Guinée-Bissau continue de plus belle dans ce pays, pourtant constamment surveillé par la communauté internationale.
À l’évidence la situation politique confuse qui y règne arrange bien les trafiquants en tous genres.