La presse sénégalaise manque souvent d’anticipation, les débats politiciens cannibalisent tous les autres sujets, si on peut dire. C’est tellement plus facile d’interviewer des gens, et de mettre en exergue les déclarations qui sont susceptibles de faire le buzz. Au lieu, de travailler sur des dossiers consacrés à des questions de fond qui interpellent tous les acteurs sociaux, politiciens compris.
On peut citer pêle-mêle la « réduction de la pauvreté », l’analphabétisme, l’obscurantisme, la parité et la question genre en général, l’insécurité, notamment dans la banlieue dakaroise où il est prévu la création de plus de 10 commissariats, la rentabilisation de l’arène national, l’incapacité de l’équipe nationale de football, malgré son effectif de rêve et son classement de première formation africaine, de gagner la coupe d’Afrique des nations, les succès récurrents des équipes de beach soccer et de basket etc.
On le voit les sujets de débat fécond ne manquent pas et qui pourraient aider à faire avancer le pays dans son ensemble. Mais la facilité qui est fille de l’incompétence pousse au moindre effort. Alors, on se lâche sur les élucubrations politiciennes pour essayer de tirer, par les cheveux, la moindre déclaration, fut-elle d’une évidence qui crève les yeux.
Pourquoi songer à « dissoudre l’Assemblée nationale où BBY dispose d’une majorité qualifiée » ? Pourquoi chercher à modifier le calendrier électoral et plonger le pays dans un cycle sans fin de compétitions électorales ? Pourquoi tenter le diable, en ouvrant la fenêtre d’une éventuelle cohabitation ?
À l’évidence, les alliés de BBY n’ont aucun intérêt à remettre en cause le calendrier électoral. Le peuple sénégalais, non plus, car il aspire à la quiétude, après trois semaines de campagne électorale pour la présidentielle.
On ne peut pas vivre de campagne électorale permanente, même si, dans les faits, Abdoulaye Wade, a réussi à plonger le Sénégal dans une telle situation depuis 1988.
La presse actuelle qui ne se nourrit que de « sujets politiciens » date de cette époque et n’a cessé de se développer.
Parce qu’il y a une demande du public qui se délecte des « buzz » d’un personnel politique qui s’illustre négativement dans plus de 300 partis politiques légalement constitués.
Il est temps que le Sénégal fasse le ménage, comme la Mauritanie qui a décidé de…dissoudre 76 partis politiques. Au Sénégal, c’est plusieurs centaines de partis, « cabines-téléphoniques » qu’il faudrait dissoudre purement et simplement.
Il y a vraiment matière à débattre concernant ce nombre pléthorique de partis politiques bidons qui polluent l’espace démocratique. Pendant qu’on y est, il faut oser poser les vrais problèmes de l’heure et non chercher à conjuguer le futur au présent.
En 2024, si Dieu le veut, la compétition pour la présidentielle sera encore plus ouverte car les grands partis de la coalition BBY ont vocation à présenter des candidats. Il est de l’essence même d’un parti politique que de chercher à conquérir le pouvoir. Mais ce sera le contexte politique de l’époque qui sera déterminant quant au choix des uns et des autres.
« Il n’y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités » dit le Général De Gaulle.
En 2014, un visionnaire comme Moustapha Niasse avait déjà choisi Macky Sall comme candidat de son parti, l’AFP pour la présidentielle de…2019. Il y a 5 ans, cette option avait surpris et étonné. Elle s’est imposée, et en 2018, le 27 novembre le PS et l’AFP, le même jour donc, ont investi Macky Sall comme leur candidat.
Depuis 2012, BBY tient la route et a gagné toutes les élections locales, législatives et présidentielle. La longévité de cette coalition est sans équivalent dans l’histoire politique du Sénégal.
Les opposants et autres politologues encagoulés rêvent de voir BBY se disloquer. Ce n’est pas demain la veille. Car l’intérêt bien compris de ses membres est de maintenir sa cohésion.