Il faut espérer que, le verdict des urnes redonne paix et stabilité politiques à la Guinée-Bissau, avec les élections législatives de demain (dimanche 10 mars). Encore faudrait-il qu’une victoire nette et claire, en faveur ou du PAIGC, ou du PRS (opposition) ou du G15 et alliés puisse être constatée à l’issue du vote. Rien n’est moins sûr !
Pour l’heure, PAIGC et PRS comptent, respectivement 42 et 41 sièges et le G15 (des dissidents du PAIGC, 15 sièges). Cela a permis au président José Mario Vaz de manœuvrer, depuis qu’il a décidé de limoger le patron du PAIGC, Domingo Simoes Pereira, au poste de premier ministre, en 2015.
Toutefois, faute de majorité solide au parlement, les différents gouvernements mis sur pied, ont eu de très courtes durées de vie. D’où l’instabilité chronique qui gangrène la vie des citoyens qui ont vu 5 premiers ministres su succéder.
La crise politique est doublée d’une crise économique, accentuée par les sanctions imposées par l’ONU. Celles-ci ne seront levées qu’en fin d’année, ou au début de 2020, si tout se passe bien et que les résultats des législatives permettent le retour à des institutions démocratiques.
Et, à une pratique politique apaisée, dans le respect des règles démocratiques. Rien n’est encore gagné, dans un pays habitué aux coups de force, miné par la corruption, avec une implication très forte de l’Armée dans la vie politique.
Par ailleurs, le scrutin à la proportionnelle, à un tour, pourrait favoriser la dispersion des voix, et non l’émergence d’une majorité forte. Si les deux grandes formations que sont le PAIGC et le PRS sont au-dessus du lot, le G15 reste un arbitre, tandis que 18 autres petits partis sont, aussi en lice.
La Guinée-Bissau est malade aussi de ses politiciens et vit, une situation comparable à celle de la quatrième république française. Les alliances politiques, ou plus précisément politiciennes durent, souvent le temps d’une rose. Il s’y ajoute le manque de compétence et l’omniprésence des militaires auréolés du prestige d’avoir bouté les colonialistes portugais hors du pays.
Comme en Algérie, ils vivent de cette « rente de la victoire militaire contre les colons » et c’est ce qui explique les nombreux coups d’État survenus dans ce petit pays depuis 45 ans.
Que cette page marquée par une crise politique perpétuelle puisse être tournée ce dimanche, à l’issue des législatives, est souhaitable, non seulement pour les bissau-guinéens, mais aussi pour tous leurs voisins.
Car l’instabilité chronique de ce pays impacte négativement toutes les activités, notamment économiques, de la sous-région. C’est pour quoi, les forces militaires de la CEDEAO sont engagées depuis un bon moment, sur place, pour aider à faire régner la paix sociale.
On le voit, l’enjeu est de taille pour toute l’Afrique de l’Ouest qui a déjà réussi à « stabiliser » le Liberia, la Sierra-Léone, la Côte d’Ivoire et qui fait face aux attaques terroristes de Boko Haram et d’Al-Qaida, entre autres groupes criminels.
La Guinée-Bissau a intérêt de sortir de cette crise politique mortifère qui épuise l’énergie positive de ses fils et hypothèque son avenir.